L’Abitibi-Témiscamingue : une petite population, mais une forte représentation dans les pelotons

  • Publié le 18 sept. 2025 (Mis à jour le 18 sept. 2025)
  • Lecture : 4 minutes
Jérôme Gauthier, deuxième Canadien à partir de la droite, au récent Grand Prix de Québec.
Photo: GPCQM, Jérémie Perreault
Jérôme Gauthier, deuxième Canadien à partir de la droite, au récent Grand Prix de Québec. Photo: GPCQM, Jérémie Perreault

En collaboration avec Sportcom-Mathieu Laberge

Montréal, 17 septembre 2025 (Sportcom) – Une population d’un peu moins de 150 000 habitants et un climat rude qui limite le nombre de semaines propices aux sorties de vélo. Malgré cela, bon an mal an, l’Abitibi-Témiscamingue continue d’être un vivier important de talents du cyclisme sur route québécois sur la scène internationale.

Aux récents Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, Jérôme Gauthier était le représentant abitibien au sein de l’équipe canadienne. Et aux Championnats du monde de cyclisme sur route de Kigali qui s’amorceront dimanche, au Rwanda, ils seront trois à porter les couleurs de l’unifolié : Olivia Baril, qui court pour la formation Movistar, sera des épreuves élites féminines, Jérôme Gauthier roulera dans la catégorie masculine des moins de 23 ans et Hubert Lamothe sera en action chez les juniors.

Comment une région aussi peu populeuse peut-elle avoir plus de représentants que bien des provinces canadiennes aux prochains mondiaux ? C’est la question que Sportcom a posée à Jérôme Gauthier, à la double Olympienne et aujourd’hui athlète retraitée Karol-Ann Canuel et à Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes.

Rencontré quelques minutes avant le départ du Grand Prix de Québec, l’Amossois Jérôme Gauthier pointe vers un événement pour expliquer cette tendance.

« Je crois que c’est en grande partie grâce au Tour de l’Abitibi. Le Tour a inculqué une culture qui a fait en sorte que chaque année, il y a toujours plus de monde. Il y a aussi le sport-études à Amos qui joue un gros rôle. »

Également originaire de cette ville, Karol-Ann Canuel n’a pu profiter du programme sport-études lorsqu’elle était étudiante au secondaire, sauf que c’est au club local qu’elle a donné ses premiers coups de pédale. Celle qui a roulé sur la scène internationale pendant une douzaine d’années était enthousiaste lorsqu’elle s’est remémoré ses débuts qui lui ont ensuite permis de prendre part au Tour de la Relève à Val-d’Or. Un événement qui a lancé sa carrière, selon elle.

« Je viens d’Amos et le club était fort. C’est sûr qu’il y avait le Tour de l’Abitibi, le vélo est assez présent dans la région. Je n’avais pas encore de modèle féminin, mais c’est le club qui a bâti ma carrière à ce moment-là. »

Louis Barbeau rappelle à juste titre qu’en plus de Karol-Ann Canuel (Rio 2016, Tokyo 2021) et Olivia Baril (Paris 2024), une autre cycliste de la région a participé aux Jeux olympiques, soit Marie-Claude Audet, qui a porté le maillot canadien bleu ciel aux Jeux de Los Angeles, en 1984.

Chez les hommes, Keven Lacombe, Pierrick Naud et Charles-Étienne Chrétien se sont eux aussi mesurés à l’élite mondiale sur route.

« Avoir un événement international en Abitibi depuis la fin des années 1960, c’est la vitrine du vélo dans cette région. Et maintenant, depuis cette année, il y a l’ajout du Tour de l’Abitibi pour les filles, », soutient Louis Barbeau.

« Tous les athlètes juniors peuvent participer au Tour de l’Abitibi. C’est un événement qui réunit à la fois certains des meilleurs athlètes au monde, dont Brandon McNulty (Ndlr : vainqueur du Grand Prix de Montréal dimanche et gagnant du Tour de l’Abitibi en 2016). Ça offre aux athlètes juniors la possibilité de se mesurer aux meilleurs au monde, tout en restant une épreuve de développement. […] Je pense que le Tour de l’Abitibi a fait rêver un paquet de jeunes au fil des ans et cela a eu une incidence certaine, tout comme le programme sport-études. Cela a contribué certainement à l’essor d’un certain nombre de cyclistes. »

Plus froid, plus fort

Le climat est aussi un obstacle supplémentaire, car au nord, la météo est moins propice pour sortir sur la route aux premières belles journées printanières, contrairement au sud de la province. Les clubs locaux misent donc sur l’entraînement multisport pour leurs athlètes, en plus des entraînements sur les simulateurs intérieurs.

« Je crois que ça aide de pratiquer plusieurs sports comme le ski de fond ou le fatbike. Ça fait en sorte que lorsqu’on arrive dans la saison, on est frais mentalement et plus prêts à tout donner sur le vélo », poursuit Jérôme Gauthier.

Karol-Ann Canuel confirme qu’elle a elle aussi accumulé du kilométrage en ski de fond avant de passer chez les pros au tournant des années 2010.

« On commence trois semaines plus tard (sur la route), alors mentalement, il faut rouler un peu quand c’est froid. Dans le fond, on est juste faits plus forts », lance l’ancienne championne canadienne en riant. « Quand c’est ta réalité et que c’est tout ce que tu connais, tu n’as juste pas le choix de t’habituer. […] J’ai fait beaucoup, beaucoup de ski de fond et c’était vraiment mon deuxième sport. »

Lors des plus récents Jeux du Canada qui ont eu lieu à Terre-Neuve-et-Labrador le mois passé, Jacob Roy, d’Amos, a décroché l’or au contre-la-montre et le bronze à la course sur route. Joseph Vachon, de Rouyn-Noranda, a quant à lui remporté deux médailles d’or en paracyclisme.

Avec l’arrivée de la version féminine du Tour de l’Abitibi et l’essor de ce sport chez les jeunes filles, il est fort à parier que plusieurs pépites continueront d’émerger des cinq clubs de la région.

« C’est fou ! Je pense qu’on fait quelque chose de magique en Abitibi ! », conclut Canuel.

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