Winneway en quête de réconciliation économique

La Première Nation de Long Point (LPFN) n’entend conclure aucune nouvelle entente avec les Mines Agnico Eagle Ltd. (AEM), à moins que celle-ci ne reflète une volonté sérieuse de poursuivre la réconciliation économique avec la communauté anicinabe.

C’est ce que le chef de LPFN, Henry Rodgers, vient de faire savoir publiquement en révélant le contenu d’une lettre récemment adressée au PDG d’AEM, Ammar Al-Joundi. «Je dois vous exprimer ma déception quant à l’approche de votre organisation face aux dirigeants de la Première Nation de Long Point sur les questions de développement économique, a-t-il indiqué. Comme vous le savez, le Conseil et moi-même avons dûment adopté la vision du Plan directeur, notre coexistence dépend fortement de la réciprocité de notre bonne foi et, ultimement, de notre volonté.»

Plan directeur:

De fait, l’objectif du Plan directeur est d’adopter une approche territoriale aux négociations pour s’assurer qu’aucune communauté anicinabe n’est laissée derrière ou exclue des possibilités de participation économique.

«Le Plan directeur n’est pas destiné à obtenir une somme d’argent de façon unilatérale, a tenu à préciser Steeve Mathias, négociateur pour LPFN. Il s’agit plutôt d’une tentative holistique de rechercher et de saisir des opportunités de participation économique qui profitent à la fois à notre Nation et aux industries comme AEM.»

En ce sens, les avantages économiques des modèles de participation comprennent la conversion de certains coûts en capital en coûts d’exploitation, la réduction du coût du capital pour le développement d’actifs et de projets, et la diversification des sources de financement.

«Pour LPFN, il est clair que le Plan directeur est la meilleure approche pour établir une relation à long terme et significative entre l’ensemble de la Nation anicinabe et AEM, a poursuivi M. Mathias. L’accord doit être fondé sur le respect mutuel et une véritable collaboration alors que nous envisageons d’aller de l’avant.»

«Lorsqu’on a des échanges avec d’autres représentants de la minière sur le terrain, on a l’impression que le discours tenu par la tête ne se rend pas jusqu’à la base»

– Steeve Mathias

Enclavé par les claims octroyés

C’est en faisant le constat que pratiquement toutes les terres entourant le petit village de Winneway avaient été octroyées sous forme de claims à différents intérêts miniers que la communauté anicinabe a décidé d’emprunter la voie de la réconciliation.

«Nous aurions pu faire appel à la justice, a fait observer Steeve Mathias. Mais les procédures et les délais sont tellement longs, que ça n’aurait été profitable à personne. Aussi, je m’étais entretenu avec le PDG d’AEM, Ammar Al-Joundi, lors d’un événement minier qui s’était tenu à Toronto. Il comprenait très bien notre position. Mais lorsqu’on a des échanges avec d’autres représentants de la minière sur le terrain, on a l’impression que le discours tenu par la tête ne se rend pas jusqu’à la base.»

Dans cet esprit de réconciliation, LPFN cherche activement des moyens de saisir les opportunités socio-économiques, une approche de collaboration avec les développeurs pour découvrir et exécuter des opportunités de participation économique a été élaborée.

«Nous croyons que la mise en œuvre réussie du Plan directeur fera passer notre partenariat avec Agnico Eagle à un niveau supérieur en assurant une communication constante et productive avec les communautés de notre Nation, et nous sommes impatients de travailler avec Agnico Eagle dans le cadre de cet effort d’environnement social et de gouvernance (ESG) novateur », a rappelé le chef Rodgers.

Favorable à une approche inclusive

De son côté, la directrice des communications de la minière, Natalie Frackleton, a soutenu qu’Agnico Eagle demeurait favorable à une approche qui serait inclusive et bénéfique pour toutes les communautés Anicinabe touchées par ses activités minières. «En conséquence, nous avons invité la LPFN à nous rencontrer, ainsi que les chefs des autres nations Anicinabe, afin de discuter de leur intérêt pour une relation de collaboration commune, a-t-elle tenu à préciser. Ce qui, d'après ce que nous comprenons, est l'idée principale du plan directeur conçu et promu par la LPFN.»