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07 février 2017

Et si tous les clubs vidéo n'étaient pas appelés à disparaître?

©Photo gracieuseté – Société d'histoire et de généalogie de Val-d'Or

L'arrivée de nouveaux joueurs comme Netflix coïncide avec la fermeture de dizaines de clubs vidéo en Abitibi-Témiscamingue. Des professeurs de cinéma croient cependant qu'Internet ne sonnera pas le glas de tous les clubs vidéo et que certains pourraient perdurer, mais en fonctionnant selon un nouveau modèle d'affaires.

Le cinéaste valdorien Serge Bordeleau se souvient de la profusion de lieux où il était possible de louer un film à Val-d'Or. «Tous les dépanneurs du coin avaient une section vidéo, se remémore-t-il. Moi, j'allais au dépanneur du lac, puis quand je voulais vraiment avoir une cassette de Sega, j'allais au Multivideo.»

Selon ses souvenirs, le dernier club vidéo de quartier à avoir fermé ses portes est le Vidéo-Lamaque. Aujourd'hui, seul le Superclub Vidéotron a encore pignon sur rue à Val-d'Or.

Selon les informations récoltées auprès de la Société d'histoire et de généalogie de Val-d'Or, la multiplication des clubs vidéo à Val-d'Or s'amorce véritablement à partir de 1983. C'est à compter de ce moment que de plus en plus de commerçants choisissent d'offrir la location de cassettes VHS à leurs clients et que des magasins spécialement dédiés à la location de films ouvrent leurs portes.

«À l'époque, on allait à la fois louer les cassettes et l'appareil (lecteur VHS)», se rappelle avec nostalgie André Habib, professeur d'histoire de l'art et d'études cinématographie à l'Université de Montréal.

Internet: solution miracle?

Selon l'ancien professeur de cinéma Pierre Pageau, qui a enseigné pendant près de 35 ans sa discipline, Internet ne permet pas d'avoir accès facilement à l'ensemble de la production cinématographique.

Les blockbusters se trouveraient aisément sur des sites de streaming, mais le cinéma moins commercial serait beaucoup plus difficile à dénicher. Même son de cloche du côté du professeur Habib. «Il y a un vide actuellement, estime-t-il.

Le commis d'un club vidéo était un accompagnateur, proposait des programmes de film, souligne M. Habib. Il suggérait aux amateurs de films américains, un autre cinéma. Les clubs vidéo ont eu une importance dans la constitution d'une cinéphilie.»

Il n'y a pas d'équivalence sur Internet, et la découverte de nouveaux films nécessiterait un effort supplémentaire considérable pour les non-initiés, croit M. Pageau.

Des algorithmes vont par contre propulser certains films, en fonction des habitudes de consommation de l'individu, notamment via les réseaux sociaux. «Tu te fais seulement proposer ce que tu aimes déjà et tu restes donc dans tes pantoufles», déplore Serge Bordeleau.

Retour aux sources

«Il y a actuellement une tendance où on voit apparaître des ciné-clubs et les salles sont pleines. Il n'est pas impossible du tout que les clubs vidéo reviennent, mais à l'échelle humaine», signale André Habib.

Pierre Pageau, également l'auteur de l'ouvrage Les Salles de cinéma au Québec, s'implique aussi dans le nouveau cinéma de quartier Station Vu, situé dans l'est de Montréal. «On a une petite salle de 40 places et on a des spectateurs qui viennent. Il faut recréer des petites salles de quartier, affirme-t-il.

«En Abitibi, vous avez eu la même chose avec des salles qui se sont associées à des quartiers en développement, ça fonctionnait relativement bien jusqu'à la crise de 1983 (arrivée des multiplex et de la télévision payante).»

Offre différente

Selon M. Habib, les magasins de location de vidéos qui n'offrent que des films commerciaux sur une grande surface sont en compétition directe avec des gros joueurs comme Netflix.

Par contre, ceux qui décident de se spécialiser dans un cinéma différent offrent des films qu'on ne trouve pas facilement ailleurs et pourraient donc gagner en popularité. «À mon avis, les gros clubs vidéo ont eu un effet négatif en délégitimant l'apport spécifique que pouvait amener un club vidéo de répertoire», soutient M. Habib.

La fermeture de certaines institutions, comme la Boîte noire à Montréal, pourrait s'expliquer par le choix du propriétaire de miser sur la location de séries télés et de cinéma hollywoodien, toujours selon le professeur.

«En guise de comparaison, l'erreur de certaines librairies indépendantes, c'est d'essayer de rivaliser avec Costco ou Renaud-Bray, en vendant des best-sellers. Leur intérêt, c'est plutôt de pouvoir tenir l'œuvre complète de Kafka et d'Aristote», pense-t-il.

Pour lire la suite:
Une demande dans la région

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