Justice
Retour25 mars 2017
Victime de sextorsion, il vole 100 000 $ à son employeur

©tirée de Facebook
André Ménard purgera une peine de 2 ans moins 1 jour de détention dans la communauté pour avoir volé environ 100 000 $ à son employeur alors qu'il était victime de «sextorsion» (chantage lié à l'utilisation d'images ou de vidéos à caractère sexuel).
L'individu de 30 ans de Matagami a plaidé coupable à l'accusation de vol d'une valeur de plus de 5000 $ qui pesait contre lui le 14 novembre 2016. Il a reçu sa sentence du juge Jacques Ladouceur, de la Cour du Québec, le 20 mars au Palais de justice d'Amos.

C'est un geste d'une gravité importante, mais vous n'avez pas le profil d'un individu criminalisé -Juge Jacques Ladouceur
Les faits dans cette affaire se sont déroulés entre le 24 octobre 2012 et le 4 novembre 2015. André Ménard avait été rencontré par les policiers du poste de Matagami de la Sûreté du Québec le 15 novembre 2015 parce qu'ils avaient été informés de ces nombreux transferts de sommes d'argent liquide à destination de la Côte-d'Ivoire via Moneygram. Ils le croyaient victime de fraude.
Il avoue tout
C'est à ce moment que Ménard a avoué avoir envoyé plusieurs fois de l'argent en croyant s'être fait une amie de cœur. Il a aussi fait l'objet de chantage à partir d'images vidéo compromettantes. En trois ans, il a versé 154 068 $.
Il a aussi admis s'être servi à même la caisse du commerce pour lequel il travaillait à l'époque selon un stratagème relativement simple, mais suffisamment élaboré pour s'assurer de ne pas être découvert. C'est d'ailleurs sa déclaration incriminante et sa collaboration avec les policiers qui auront permis de tout élucider. À ce jour, la victime n'a récupéré que 16 000 $.
Le lien de confiance
Me Audrey-Anne Veillette-Dion, du ministère public, et Me Daniel Brière-Desfossés, de la défense, ont présenté une suggestion commune qui a été bonifiée après des échanges avec le juge Ladouceur, qui l'a ensuite entérinée.
Le tribunal a retenu parmi les facteurs aggravants la préméditation, le période prolongée du crime, le stratagème, les montants très élevés impliqués, et surtout, la trahison du lien de confiance de son employeur. En revanche, il cite parmi les facteurs atténuants l'amorce d'introspection, un problème de cyberdépendance, des limitations cognitives privant l'accusé de tous les outils nécessaires pour prendre les meilleures décisions, sa collaboration importante et son plaidoyer de culpabilité rapide.
Un an sans Internet
Le juge Ladouceur a condamné André Ménard à une peine avec sursis de 2 ans moins 1 jour, assortie d'une probation surveillée de 3 ans. Il sera assigné à domicile les 12 premiers mois, période durant laquelle il lui sera interdit d'utiliser Internet. Le magistrat a voulu le sortir de son isolement et faciliter son intégration sociale et lui a ordonné la réalisation de 150 heures de travaux communautaires. Il a aussi émis une ordonnance de dédommagement de 40 000 $ en faveur de la victime. Ménard devra faire l'objet d'un suivi psychosocial pour régler ses différents problèmes, dont sa cyberdépendance.
«Je comprends que vous n'avez pas retiré de bénéfices du vol. Vous avez commis cette infraction dans un contexte de stratagème frauduleux et dans un contexte de chantage sexuel. Mais je le répète, vous n'êtes pas la victime dans la présente affaire. Je suis pas mal convaincu que vous avez eu votre leçon. Vous avez la chance de pouvoir compter sur des parents qui vous supportent», a notamment déclaré le juge Ladouceur.
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