Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Tribune libre

Retour

26 avril 2017

Lettre à un député

M. le député d'Abitibi-Est, nous nous adressons à vous aujourd'hui à titre de citoyenne et citoyen ayant passé la majeure partie de nos vies dans la circonscription que vous représentez pour le compte du Parti libéral du Québec, région à laquelle nous sommes grandement attaché-e-s.

Nous vous écrivons aujourd'hui pour souligner l'audace dont a fait preuve votre gouvernement tout récemment. En effet, vous ne vous êtes pas montré économe en matière d'ambitions pour la région! Nous pensons ici, bien entendu, à l'annonce faite par votre gouvernement concernant l'agrandissement de la mine Canadian Malartic, la plus grande mine à ciel ouvert en milieu habité au pays. En effet, quelle audace d'avoir décidé, après des mois à laisser planer le doute, d'aller de l'avant dans ce projet, alors que celui-ci est source, comme vous devez fort probablement le savoir, de tensions sociales importantes et d'insécurités chez plusieurs citoyennes et citoyens. En témoigne notamment la demande d'injonction déposée en Cour supérieure l'année dernière par des citoyens affirmant voir leur qualité de vie affectée par les travaux de la mine. Dans leur demande, rappelons-le, les citoyens en question demandaient à ce que la minière respecte les normes prévues à son certificat d'autorisation, notamment en ce qui a trait au taux d'extraction et aux limites de bruits, normes violées à de multiples reprises par celle-ci.

En témoignent également les craintes exprimées par certain-e-s citoyennes et citoyens, quant à la détérioration du climat social à Malartic, suite à la menace formulée par la minière concernant de possibles pertes d'emplois advenant que l'injonction soit accordée. Sans surprise, votre gouvernement aura choisi de « prendre le taureau par les cornes » en prenant le parti de la minière et en allant de l'avant dans l'agrandissement du projet, Or, il semble s’être opéré un processus d’instrumentalisation des craintes des citoyennes et citoyens afin de rendre inévitable le feu vert à l’expansion du projet. Ceci dit, il apparaît difficile de comprendre comment une intensification du projet arrivera à atténuer ces inquiétudes légitimes auxquelles vous n'avez vraisemblablement pas répondu. Audace, donc, derrière cet étrange calcul aux résultats forts improbables.

Plus encore, il semble que nous assistions une fois de plus à l'imposition d'un projet d'exploitation des ressources naturelles sans consultation proactive des communautés autochtones. Les Chef-fe-s des communautés algonquines d’Abitibiwinni, de Kitcisakik, de Lac-Simon et de Long-Point se sont d'ailleurs exprimé à cet égard dans un récent communiqué de presse. Selon ce communiqué, d'aucune manière les communautés n'ont consenti au projet d'agrandissement de la mine, pour lequel elles n’ont pas été consultées : « Le gouvernement du Québec a une obligation constitutionnelle de nous consulter et accommoder avant d’autoriser tout projet d’exploitation sur notre territoire ancestral, a déclaré la Cheffe de Lac-Simon, Adrienne Jérôme »  Il nous apparait donc difficile de voir de quelle façon vous répondez aux préoccupations et insécurités de plusieurs citoyennes et citoyens de la région.

 À la lumière des propos avancés, on peut au moins se réjouir de la diversité des actrices et acteurs sociaux qui portent activement les missions énoncées dans l’appellation du Ministère du Développement Durable, de l'Environnement, et de la Lutte aux changements climatiques. Puisse les membres de votre gouvernement s'inspirer de la détermination et de l'engagement pour le bien-être commun dont celles-ci et ceux-ci font preuve.

Et que dire de la décision de votre gouvernement, annoncée la même semaine, de capturer les caribous forestiers des environs de Val-d'Or pour les envoyer remplir les cages du zoo de Saint-Félicien. Encore une fois, quelle audace! Audacieux, en effet, de chercher à réduire à néant le travail acharné d'organismes qui veillent depuis des décennies à assumer les responsabilités dont vous vous défaites lâchement en termes de protection des espèces menacées. En somme, que vaut la préservation captive et artificielle d'une espèce sans la protection réelle de l'environnement dans laquelle celle-ci évolue? Non, ce que l'on cherche impérativement à protéger semble plutôt être la préservation des libertés incontestables des entreprises minières et forestières à poursuivre leur appropriation du territoire et des ressources en toute tranquillité.

Sachez que nous avons conscience des fortes pressions que votre gouvernement doit subir de la part de certains intérêts économiques puissants. Sachez également que nous comprenons très bien que la sécurité économique de plusieurs milliers de personnes en région dépend de la générosité de ces grands intérêts à bien vouloir faire bénéficier celle-ci d'emplois et de retombées économiques majeures. Néanmoins, nous croyons que l'unilatéralisme et l'arrogance dont fait preuve votre gouvernement en ce qui concernent les conséquences sociales et environnementales des projets extractivistes en région méritent dénonciation. C’est pourquoi nous avons cru bon de vous faire parvenir ces mots.

Nos sincères salutations, Monsieur le député.

Michael Pelletier-Lalonde et Élise Blais

Étudiant-e-s

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média