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01 mai 2017

Déporter les caribous... ou le ministre?

©TC Média - Archives

Le mercredi 26 avril, notre Ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, affirmait que la harde des quinze caribous forestiers de Val d’Or occupait un territoire de 10 000 km2 soit « cinq fois la ville de Québec ». Et que pour les maintenir en place, faudrait fermer  la ville de Val d’Or. « Ça bouleverserait l’écosystème de tout ce qu’on a […]» concluait-il subtilement.

C’est ainsi qu’il justifiait sa décision, « la plus intelligente » a t-il précisé, de déporter définitivement cette harde vers le zoo de Saint-Félicien, dans le comté de son premier ministre.

Peut-être que le ministre en a « fumé du bon » avant que la chose ne ce soit légalisée, mais les biologistes de son propre ministère reconnaissent que le territoire du troupeau couvre plutôt une superficie maximale de 1 100 km2 soit dix fois moins.

Sa décision « la plus intelligente » a suscité un tollé immédiat jusque dans son propre ministère.

Le lendemain 27 avril, dans une entrevue à L’Écho Abitibien, manifestement incapable de justifier son geste, le ministre s’en prend à l’Action boréale et à son président.

Or, depuis 1984, - quand la harde de caribous ne constituait plus alors qu’une cinquantaine de têtes - le président, M. Henri Jacob, n’a cessé de rappeler publiquement que les opérations forestières répétées, la multiplication des chemins, le trafic des véhicules mettaient à mal la sécurité, la tranquillité et la survie même de ces animaux particulièrement sensibles à toutes ces perturbations. (En 2015, à grands frais, le ministère a capturé quatre femelles pour leur permettre de vêler sans danger. L’une est morte au cours de l’opération).

L’Action boréale n’a cessé de demander au gouvernement de reconnaître une erreur dans la gestion de cette population animale pour éviter qu’elle ne se reproduise envers les autres hardes au nord de l’Abitibi et du Lac Saint-Jean.

De sorte que M. Jacob a pu reconnaître récemment « […] qu’il n’y a plus aucun espoir de sauver la harde de Val-d’Or. D’ici cinq à dix ans, elle aura disparu. » Le ministre Blanchette s’est empressé d’extirper cette citation de son contexte pour justifier sa décision de déporter, à grands frais publics encore, les caribous vers un zoo et s’attribuer ainsi un nouveau rôle de sauveur d’espèces…

« Cette décision n’est pas politique mais scientifique », répète-il depuis. Sans toutefois se montrer capable de divulguer les études scientifiques qui l’ont amené à prendre sa décision. Existent elles seulement? Mystère !

Pas politique ? Alors pourquoi, samedi le 29 avril, le premier ministre Couillard a-t-il fait le rapport entre la survie du troupeau et celle de l’industrie  forestière ?

On va vous dire pourquoi : une partie de la forêt du lac Sabourin, juste au sud de Val d’Or, et où vivent la quinzaine de caribous, est une aire protégée permanente que l’Action boréale a contribué à créer. Ce territoire représente aujourd’hui une contrainte légale majeure aux opérations forestières conventionnelles.

Débarrassé de ses caribous, le territoire devient plus facilement bûchable. Point à la ligne.

L’Action boréale souhaite aujourd’hui de tout cœur que le ministère responsable des attributions forestières, aussi de la faune et aussi des parcs (MFFP), soit scindé le plus rapidement possible pour redonner l’indépendance d’esprit à ses biologistes. Qui préféreraient peut-être déporter leur ministre plutôt que les caribous.

Henri Jacob, président,

Richard Desjardins, vice-président

De l’Action boréale.

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