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03 octobre 2018

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Accidenté du travail, Jonathan Plante veut provoquer la réflexion

Jonathan Plante

©Photo L'Éclat/Le Citoyen - Dominic Chamberland

Originaire de Lorrainville, Jonathan Plante parcourt 85 000 kilomètres par année à travers le Québec depuis 2011 pour présenter sa conférence dans les écoles et les entreprises. «Je reçois de beaux messages en ‘’feedback’’, des gens qui me disent faire plus attention maintenant. Leur écoute, c’est ma paye!», a-t-il souligné lors de son passage à la polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or.

Si les jeunes ne comprennent pas un tel message, ils ne le comprendront peut-être jamais.

À la fois drôle, touchant, troublant et percutant, le Témiscamien d’origine Jonathan Plante est de passage dans la région cette semaine, à l’invitation de la CNESST, pour présenter sa conférence aux étudiants des centres de formation professionnelle.

Et elle frappe de plein fouet, cette conférence visant à sensibiliser les futurs travailleurs sur les risques et les conséquences des accidents de travail. D’autant plus qu’elle est prononcée par un homme (M. Plante) devenu paraplégique lors d’un accident de travail causé, de son propre aveu, par la témérité et l’imprudence sur un chantier de construction, en mars 2007 à Mascouche.

«Je vais me rappeler de la date du 12 mars 2007 toute ma vie pour une raison bien simple : à chaque matin, depuis ce jour, j’embarque dans ma chaise roulante…, a signalé Jonathan Plante, qui s’est retrouvé dans cette condition à la suite d’une chute de 15 pieds directement sur le dos.

«J’adorais mon métier de charpentier-menuisier, je ne m’attachais jamais, même à 50 ou 60 pieds de hauteur, et dans ma tête, ceux qui tombaient étaient ceux qui avaient peur. Pour évaluer les risques, j’ai utilisé le pire outil : ma perception. La tolérance au risque, c’était de la routine pour moi. Sauf que j’ai eu un mauvais réflexe, je suis tombé et quand j’ai atterri sur un morceau de bois glacé, mes vertèbres D10 et D11 ont disloqué et ma moëlle épinière a été sectionnée», a-t-il relaté.

Un raccourci aux graves séquelles

Même avec le recul et les années qui ont passé, le constat est toujours aussi brutal pour l’homme aujourd’hui âgé de 38 ans. «Mes collègues et moi, on a pris une ‘’short cut’’ pour sauver 10 minutes alors qu’on avait tout – les outils et les compétences – pour aménager une belle rampe sécuritaire sur le chantier», a-t-il fait remarquer.

Ce raccourci, souligne M. Plante, aura entraîné des séquelles désagréables pour lui et sa conjointe. «Si j’avais le choix entre retrouver l’usage de mes jambes et pouvoir aller à la salle de bain normalement, je choisirais la deuxième option sans hésiter!, a confié celui dont la vessie et les intestins ne fonctionnent plus de façon normale à cause de l’accident.

«Pour avoir nos deux enfants, la seule option était la fécondation in vitro. Je me suis senti tellement ‘’loser’’ d’avoir imposé tout ça à ma blonde; ç’aurait été tellement plus le ‘’fun’’ de concevoir nos enfants dans la chambre à coucher», a-t-il raconté.

Moments crève-cœur

Résidant à St-Joseph-du-Lac dans les Basses-Laurentides, Jonathan Plante souligne aussi que cet accident a fait basculer la vie de son entourage. «Cette réalité me frappe encore en pleine face. Les trois principaux exemples sont ma blonde ainsi que nos deux enfants, même s’ils ne le savent pas, a-t-il signifié.

«Faire des activités d’hiver, ce n’est pas impossible, mais c’est compliqué. Et je payerais cher pour, juste une fois, être capable de me pencher au-dessus de mes enfants quand on les couche pour pouvoir les embrasser sur le front. Je suis heureux dans la vie, mais ces petits moments crève-cœur vont continuer de me briser pour au moins les 30 prochaines années…»

Bien réfléchir avant

Souhaitant provoquer la réflexion en racontant son histoire, Jonathan Plante encourage fortement les jeunes et les travailleurs à bien évaluer les risques avant de poser un geste ou une action. «Vous avez ce choix, ce que je n’ai plus depuis le 12 mars 2007, jour où j’ai été extrêmement égoïste en croyant que le risque n’aurait pas de conséquences sur moi et mon entourage, a-t-il évoqué.

«Quand il y a un risque, prenez quelques secondes pour penser à deux choses: votre activité préférée, dont vous pourriez être privé, et à tous ceux que vous aimez, dont la vie pourrait basculer, a mentionné M. Plante. Je vous souhaite de vous rendre à votre retraite pour être en mesure d’en profiter. Et je me souhaite de ne jamais vous rencontrer dans un centre de réadaptation; si moi j’ai quand même été chanceux pour la suite, des accidents brisent des vies, des couples et des familles.»

Le message pourrait difficilement être plus clair.

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