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09 décembre 2018

Un club pour apprendre à réfléchir et confronter ses idées

La philosophie plus active que jamais au Cégep

AB-ClubPhilo

©Photo Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue - Karine Aubin

Claude Lacasse et Kate Blais ont lancé le club de philosophie à la suite de demandes provenant d'étudiants. Intéressés à échanger sur divers sujets, ils avaient besoin d'aide pour les guider dans leur réflexion.

Dans un monde où les temps libres sont principalement axés sur les loisirs, prendre un instant pour aborder des sujets polémiques, échanger et discuter avec les autres peut paraître excentrique. C’est pourtant ce que font avec enthousiasme une poignée d’étudiants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

En tant qu’enseignantes, Kate Blais et Claude Lacasse ont remarqué que plusieurs de leurs étudiants étaient aux prises avec des problèmes existentiels et qu’ils éprouvaient un profond désir de les communiquer. Il y a un peu plus d’un an, à la demande d’étudiants qui voulaient prendre le temps de dialoguer ensemble, elles ont donc mis sur pied le Club de philosophie.

«Quand on rend le cours de philosophie accessible, quand on l’ancre dans une réflexion existentielle concrète dans laquelle les étudiants se reconnaissent, on voit qu’il y a un intérêt pour creuser ces questions-là», a souligné Kate Blais.

Le projet a d’abord vu le jour avec des étudiants de Claude Lacasse. Elle enseignait le cours Philosophie et réussite, destiné aux étudiants ayant obtenu une moyenne générale en-dessous de 75 % au secondaire. Celui-ci est, en quelque sorte, un cours de philo d’appoint. C’est avec ces étudiants que le projet a vu le jour, à leur demande.

«On dit souvent que c’est notre génération qui va décider du futur. C’est donc important de savoir ce qu’est le futur et qu’est-ce que ça implique de prendre des décisions» - Derek Vallières

Apprendre à échanger

Claude Lacasse lance régulièrement l’idée à ses étudiants de discuter avec leurs amis autour d’un repas. Échanger sur différentes idées et prendre le temps de réfléchir ensemble est une façon de philosopher.

«Un jour, mes étudiants m’ont interpellée en me disant qu’ils ne savaient pas comment le faire. Ils avaient fait des tentatives, mais cela n’avait pas eu les résultats escomptés. Je leur ai répondu que je pouvais leur montrer comment procéder», a indiqué Mme Lacasse.

Elle et Kate Blais ont alors réuni quelques étudiants autour d’une table dans un restaurant et c’est ainsi que l’aventure du Club de philosophie est née.

«Nous n’avions que deux questions cette soirée-là: qui es-tu et que fais-tu ici, un mercredi soir, à jaser de philo, s’est remémorée Claude Lacasse. Le tour de table a pris trois ou quatre heures. Il y avait donc un réel intérêt d’apprendre à parler de soi, mais également d’apprendre à écouter l’autre. Par la suite, nous avons commencé à présenter des thématiques et l’on en discutait pendant trois heures.»

Permettre le partage

L’intérêt des étudiants est bien réel. Quelques étudiants y participent depuis le début et ont trouvé un endroit où le partage des idées était possible. Pour Félix-Antoine Lebel, étudiant en Arts visuels, le fait de pouvoir remettre en question les normes établies et donner son opinion l’ont attiré vers ce club bien particulier.

«C’est né de la volonté de rassembler les gens autour d’un intérêt commun. On peut toucher à des sujets polémiques, échanger et discuter avec les autres de toutes sortes de choses. C’est quelque chose qu’on ne fait presque plus. On dit souvent que c’est notre génération qui va décider du futur. C’est donc important de savoir ce qu’est le futur et qu’est-ce que ça implique de prendre des décisions», a évoqué Derek Vallières, étudiant en Tremplin DEC.

Pour sa part, bien qu’il n’ait pas poursuivi ses études collégiales, Cedric-Alexandre Dallaire continue sa participation au Club de philosophie. «Dans la vie de tous les jours, on est tellement occupé que nous n’avons pas le temps de réfléchir et d’échanger avec les autres sur leur conception de la vie», a-t-il fait savoir.

Selon lui, le fait de débattre d’idées permet d’aller beaucoup plus loin que de se forger une opinion et la garder pour soi. «Je n’ai pas toujours la même vision que mes collègues, surtout au niveau politique, mais nos différences d’opinion nous permettent d’aller plus loin. Tu en apprends beaucoup plus en confrontant des idées qu’en étant d’accord sur tout. C’est là que tu découvres un pan de la situation auquel tu n’aurais peut-être jamais pensé et c’est comme cela que tu grandis en tant qu’être humain», a-t-il fait valoir.

Divers horizons

En plus de soupers occasionnels, le Club de philosophie a proposé différentes activités au cours de la dernière année. «L’année dernière, un étudiant m’a dit: ʺJ’aimerais savoir c’est quoi la bienveillance parce qu’on me reproche toujours d’en manquerʺ. Nous avons donc organisé un atelier pour prendre le temps de définir ce concept», a illustré Claude Lacasse.

Les thématiques abordées sont inspirées des demandes des étudiants, mais également de l’actualité. Plusieurs sujets ont été couverts de cette façon: l’environnement, la notion de genre, le féminisme, etc. Il y a également la Semaine philoso-filles, en mars, pour souligner l’apport des femmes en philosophie.

Les élections provinciales ont même permis de discuter d’enjeux importants. «Pour nos étudiants, c’était la première fois qu’ils avaient l’occasion de voter. Ils se posaient plusieurs questions sur comment le faire, sur les stratégies à adopter pour s’assurer qu’un parti ne prenne pas le pouvoir, etc. Nous avons donc reçu une conférencière, Jennifer Moore, la sœur de la députée néodémocrate Christine Moore, qui est venue en discuter avec eux», a précisé Kate Blais.

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