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25 janvier 2019

Changements climatiques: la forêt boréale surtout stressée par la sécheresse

AB-Foret_Girardin

©Photo courtoisie

La croissance des arbres de la forêt boréale serait de plus en plus affectée par les températures sèches qui sont de plus en plus fréquentes en raison des changements climatiques.

Bien que les arbres devraient profiter de plus de chaleur, le véritable enjeu des changements climatiques sur la santé des forêts serait lié à la sécheresse. 

C’est la conclusion à laquelle est parvenu Martin Girardin, chercheur scientifique à Ressources naturelles Canada et professeur associé à l’UQAT, et ses collègues provenant d’un peu partout dans le monde. Les résultats des travaux de son équipe ont été publiés dans le numéro de janvier 2019 de la revue scientifique Science Advances

L’eau bien plus que le soleil 

Ainsi, s’il est déjà connu que les heures d’ensoleillement ont un impact direct sur la croissance des arbres, les travaux de M. Girardin et ses collègues tentent à démontrer que le manque d’eau risque d’être le principal frein à leur développement. 

«Pendant longtemps, on disait que c’est la température qui limitait la croissance des arbres dans les régions les plus nordiques. Leur croissance était considérée comme moins importante parce qu’il y a moins de journées permettant à l’arbre de faire de la photosynthèse, donc emmagasiner des sucres pour sa croissance. Cela a souvent été perçu comme un facteur limitant», a d’abord rappelé Martin Girardin. 

En poussant ses recherches, il lui a été possible de déterminer que le réchauffement climatique avait une incidence positive sur la croissance des arbres. Cependant, les avantages liés au réchauffement climatique auraient atteint leur apogée. Dès maintenant, le principal enjeu est la capacité des arbres à recueillir l’eau dans les forêts boréales tempérées. 

«Même si les arbres ont plus de lumière et de chaleur en raison des changements climatiques, la croissance de nos forêts ne s’est pas améliorée en 50 ans, a poursuivi M. Girardin. Notre étude est la suite de celle que nous avions publiée en 2016. Nous avions alors fait des analyses uniquement au Canada, mais il est maintenant possible de généraliser ces résultats au reste de la planète.»

«Avec le temps, les cernes de croissance deviennent de plus en plus sensibles aux variations de la sécheresse»  - Martin Girardin 

Milliers d’arbres étudiés 

Le groupe de chercheurs dont Martin Girardin fait partie provient de la Suisse, de la Pologne, des États-Unis, de la Roumanie et du Canada. Ils ont utilisé une base de données où sont répertoriées 2700 populations d’arbres à travers la planète. Pour chacun des échantillons disponibles, l’analyse des patrons de croissance a été réalisée en les recoupant avec les bases de données météorologiques. 

«On peut résumer les résultats de nos travaux en disant que les arbres sont de plus en plus stressés par les sécheresses, a illustré M. Girardin. Avec le temps, les cernes de croissance deviennent de plus en plus sensibles aux variations de la sécheresse. Quand l’hiver et l’été sont très secs, cela limite la croissance des arbres. Au contact d’air sec, l’arbre se renferme sur lui-même et ne produit pas de sucre. Si l’état se prolonge, il y a épuisement des ressources. L’arbre risque alors de mourir ou de devenir vulnérable aux autres pathogènes.» 

Cette constatation toucherait plus grandement la région boréale. Pour le Canada, il est question d’une aire qui s’étend de l’Abitibi-Témiscamingue jusqu’à la Côte-Nord et dans le nord de l’Ontario et du Manitoba. 

Des pistes de solution 

Au cours de ses travaux de recherche, Martin Girardin a constaté que les arbres se sont adaptés génétiquement en fonction de l’écosystème dans lequel ils s’implantent. 

«Les populations les plus au sud se sont adaptées aux températures locales et elles n’ont pas nécessairement les mêmes propriétés génétiques que les populations plus au nord, a-t-il poursuivi. Nous voulons voir s’il est possible d’utiliser ces caractéristiques pour rendre les forêts plus résilientes face aux changements climatiques. Nous pourrions ainsi utiliser des souches génétiques qui pourraient être mieux adaptées.» 

La mixité des espèces pourrait aussi permettre de diminuer les variations des conditions climatiques. L’inclusion de feuillus dans les plantations de conifères pourrait être bénéfique afin de diminuer les risques de propagation des feux de forêt. «Ça pourrait aussi avoir d’autres effets comme le fait de réduire la température localement», a conclu le chercheur.

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