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15 juillet 2019

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Faire une carrière avec son rêve de petit gars

Michel G. Drapeau célèbre ses 35 ans de pilotage et ses 5000 heures de vol

Michel G. Drapeau

©Photo L'Éclat/Le Citoyen - Dominic Chamberland

Au lac Gauvin, près d’Amos, Michel G. Drapeau pose ci-haut avec son hydravion de type Beaver, construit en 1952 et toujours en très bonne condition, qu’il a acheté de la minière Iron Ore il y a 15 ans (une loi stipule que le moteur doit être changé après 1100 heures de vol). «Ce fut le 382e Beaver à être construit sur 1647. Il en reste 800 dans le monde. Des machines très fiables. C’est mon 12e avion à vie», signale-t-il.

Les semaines de travail dites régulières, le 9 à 5 entre quatre murs, Michel G. Drapeau ne connaît pas vraiment ça.

Pour l’homme de 67 ans originaire d’Amos, le travail et le carrière – qui se conjuguent avec plaisir et passion dans son cas – consistent à prendre la voie des airs vers le Nord québécois pour y bâtir des camps et transporter du bois, de l’essence, des prospecteurs, de l’équipement de prospection ainsi que des échantillons de pierres pour analyse, ceci pour le compte de son entreprise (Trionex).

Si une telle façon de gagner sa vie peut ressembler à un rêve inaccessible pour plusieurs, c’est la réalité pour lui. «Je rêvais de voler depuis que j’étais tout petit, alors que mon père voyageait en avion pour son travail dans les chemins de fer. Je me disais : un jour, je vais voyager en avion moi aussi, relate-t-il.

«C’est finalement par la force des choses, il y a 35 ans, que j’ai commencé à voler pour Trionex (qu’il a fondée avec Jean-Pierre Bérubé en 1976). J’étais hydraulicien de métier et on devait emmener des morceaux à des endroits où il n’y a pas de route, dans le nord de l’Ontario, et c’est comme ça que le pilotage a débuté, avec l’acquisition d’un premier avion de brousse (un hydravion).»

Jamais de routine

En plus de célébrer ses 35 ans de pilotage, Michel G. Drapeau a récemment franchi le cap des 5000 heures de vol à vie, ce qui serait assez rare dans l’aviation de brousse, considérant les conditions souvent difficiles dans le Nord, voire périlleuses. «C’est la seule chose dont je pourrais me vanter!, lance-t-il en souriant.

«J’en ai aussi fait sur skis pendant 10 ans, mais ça, c’est fini depuis 25 ans car il n’y a plus de demande. L’hélicoptère a surpassé l’aviation de brousse, fait observer M. Drapeau. Une grosse journée de pilotage peut représenter 20 cycles (10 décollages et 10 atterrissages). Ça devient difficile sur le système et la concentration, parce qu’en raison de la température, du vent, du poids en chargement dans l’avion, du plan d’eau et du voyage lui-même, il n’y a jamais un décollage et un atterrissage de pareil. C’est justement ça qui est intéressant; c’est toujours du nouveau et un défi différent, il n’y a jamais de routine», raconte-t-il.

De bons mentors

Au moment de l’entrevue, Michel G. Drapeau était rendu à quelque 5100 heures de vol en carrière et jamais il n’a subi d’accidents sérieux durant cette longue période (au pire, des bris de flotteurs causés par des roches). Sauf qu’il a dû lui-même aller chercher plusieurs accidentés.

«Oui, ça fait réfléchir, mais je n’ai pas peur, affirme-t-il. Comme pilote, il faut être conscient qu’on n’est pas infaillible. La prudence, c’est toi qui la fais. Non, ma famille n’est pas craintive, car ils (sa conjointe, sa fille et son fils pilote d’hélicoptère) savent que je ne suis pas téméraire.»

M. Drapeau est d’ailleurs reconnaissant envers ses professeurs de pilotage, Roland Dénommé et son fils Pierre, eux aussi d’Amos. «Ce sont mes mentors, ils m’ont enseigné la prévention et aidé à aimer la brousse, fait-il part. Grâce à eux, bien des choses ne me sont pas arrivées. Ils m’ont appris à éviter les lacs qui ne sont pas assez profonds, qui sont trop petits ou qui font trop de vagues. Avant l’arrivée du GPS, ils m’ont aussi appris la navigation de base, celle avec le pouce sur la mappe!»

Il s’est également fait un devoir de toujours suivre un conseil que lui avait donné Jean-Marie Arsenault, légendaire pilote de Val-d’Or, soit de ne jamais dépasser la marge (du danger). «En aviation, il n’y a pas de poudre aux yeux : une erreur et c’est la mort, fait-il remarquer. Je ne vais pas à certains endroits parce que je ne m’y sens pas à l’aise. Et jamais, chez les pilotes, tu vas en entendre un dire d’un autre qu’il est peureux. Chacun ses limites. Il y a beaucoup de respect et d’entraide parmi nous.»

Endroits particuliers

Au fil des ans, Michel G. Drapeau en a visité des endroits particuliers dans le Nord. «Les Îles Belcher, où on allait rechercher du cuivre, sont l’un des endroits les plus désolants que j’ai vus. À part un village de 600 habitants, il n’y a absolument rien!, signale-t-il.

«La plus belle place que j’ai visitée dans le Nord? Le Richmond Gulf, à la Baie d’Hudson, qui se trouve à six heures de vol d’ici en Beaver (un avion pouvant filer jusqu’à 110 milles à l’heure), indique le pilote amossois. Il y a là-bas des falaises de pierre, c’est comme un canyon; de chaque côté se trouvent des montagnes de couleur rouille d’au moins 1500 pieds. C’est vraiment spectaculaire. Ça se situe au détroit Guillaume-Delisle, là où Henry Hudson serait mort après une mutinerie sur son bateau (en 1611)», évoque-t-il.

«L’homme qui bâtissait des camps»

Dans le Nord, Michel G. Drapeau est connu comme «l’homme qui bâtissait des camps», que ce soient des camps de chasse, de pêche ou de prospecteurs. «J’en ai construit une trentaine qui sont éparpillés dans le Nord, par exemple à Matagami, Quévillon, LG-4 et Nichicun (près de Schefferville). Il m’en reste sept, j’ai vendu tous les autres. Pour être franc, construire des camps me passionne autant que voler», confie-t-il.

Et voler, M. Drapeau, s’il reste en bonne santé, souhaite le faire pendant encore 10 ans. «Voler dans le Nord, c’est la liberté, les grands espaces, la découverte, souligne-t-il. Là-bas, t’es seul, tranquille. C’est parfait pour se ressourcer, il y a une énergie qu’on ne retrouve pas ailleurs.»

Pas étonnant qu’il avoue avoir tout le temps hâte de repartir.

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