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07 novembre 2019

Jean-François Vachon - jfvachon@lexismedia.ca

Une enquête journalistique de longue haleine

Avec «Le Diable de la Côte-Nord», le Rouynorandien David Prince signe son premier livre

David Prince

©Gracieuseté

David Prince en compagnie de Marie-Christine Joveneau et Magalie Lapointe lors du lancement du livre.

Aux côtés de sa co-auteure, Magalie Lapointe, le journaliste rouynorandien David Prince dévoile, dans le livre «Le Diable de la Côte-Nord», les sévices subies par de nombreux Autochtones par le père oblat Alexis Joveneau.

Ces faits troublants avaient d’abord été dévoilés lors des audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Après que le sujet eut fait l’objet d’un reportage dans le Journal de Montréal, les deux auteurs ont été beaucoup plus loin sur le terrain.

«Dès le départ, on se l’était dit qu’on publierait un livre. Quand on est tombé sur Marie-Christine Joveneau et les lettres que son oncle lui avait écrites dans laquelle il décrivait les agressions qu’il lui avait fait subir, c’est vraiment là qu’on s’est dit qu’on en avait assez pour réaliser ce livre», a expliqué David Prince.

Si certains ont déjà entendu parler de cette histoire, c’est qu’elle avait fait l’origine d’une première publication dans une série de reportages dans le Journal de Montréal. «Le livre contient plus de profondeur. Après la publication, des Blancs nous ont contactés pour nous raconter les agressions qu’ils avaient subies», a exposé le journaliste.

Vérifier et contrevérifier

Dans une enquête journalistique de cette ampleur, s’assurer de publier la vérité est importante. «Ce fut une grosse aventure. Magalie Lapointe est allée sur place et elle a fait du porte-à-porte pour recueillir des témoignages. Elle a fait un travail incroyable. Chaque fois qu’on s’appelait pour se parler de ce qu’elle avait entendu, on se demandait ce qu’on allait trouver le lendemain», a confié M. Prince.

«On avait beaucoup de critères pour s’assurer de la véracité des faits. C’était important d’y aller par des entrevues en face-à-face avec une seule personne. On faisait un peu le travail de la procureure de la défense. On a ensuite mis en commun ce que les victimes disaient. Il y avait des faits qui se recoupaient. Ça démontrait qu’il y avait quelque chose», a-t-il ajouté.

Les recherches effectuées dans les différents écrits du curé Joveneau ont aussi aidé à la crédibilité des victimes. «On a fait un gros travail de documentariste. On a validé leurs témoignages par nos recherches», a indiqué David Prince.

Pas un cas unique

Pour le journaliste, la phrase la plus importante du livre est la première, soit: «Le Diable de la Côte-Nord n’est pas un cas unique». «Dans l’action collective qui a été lancée, une trentaine de prêtres y figurent. On n’avait pas les ressources pour parler de tout ce monde. Ça s’est vécu dans d’autres communautés et on retrouve des Autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue dans cette action collective», a-t-il mentionné.

Un autre fait intéressant, c’est le côté historique du livre. «C’est un aspect des Autochtones que les gens ne connaissent pas. Quand le curé est arrivé en 1950, les Innus étaient des nomades. Ils vivaient encore de la chasse, de la pêche et de la cueillette», a évoqué M. Prince.

Changer les choses

Le Rouynorandien avoue avoir senti une certaine fierté quand il a tenu le livre dans ses mains pour la première fois.

«On étudie le journalisme pour changer les choses. Ça ne changera peut-être pas grand-chose parce que le prêtre est décédé, mais pour les victimes, ça fait une différence. Elles n’ont jamais osé parler parce qu’elles pensaient ne pas être crues. Nous, on arrive et on leur dit qu’il y a des documents qui prouvent ce qu’elles ont dit» - David Prince

«On a tellement travaillé et réécrit. Je dois aussi remercier le Journal de Montréal. Ce ne sont pas tous les organes de presse qui permettraient ça. On ne savait même pas si les gens allaient nous parler quand on a commencé. C’est le fun d’avoir cette liberté-là au Journal», a-t-il continué.

«Il n’y a pas assez de journalisme d’enquête. Je crois qu’il faut financer nos médias écrits comme il le faut. Ça en prend dans tous les milieux. Ce n’est pas que les journalistes n’ont pas les idées, c’est qu’ils doivent avoir les ressources. Il faut trouver une façon pour qu’on puisse avoir plus de ce genre de journalisme», a-t-il fait valoir en guise de conclusion.

David Prince offrira une conférence le vendredi 8 novembre dans le cadre d'un 5 à 7 à la boutique Livresse située au 230 avenue Carter à Rouyn-Noranda.

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