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18 novembre 2019

Dominic Chamberland - dchamberland@lexismedia.ca

Condamnée à 18 mois avec sursis pour avoir fraudé son employeur: «C’était rendu son guichet automatique…»

Conséquences financières et psychologiques pour les propriétaires de Médic Santé

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©Photo - Archives

Une femme de 52 ans de Malartic, Brigitte Lefebvre, a écopé d’une peine de 18 mois de détention à purger dans la collectivité, le 14 novembre au palais de justice de Val-d’Or, après avoir plaidé coupable à une accusation de fraude supérieure à 5000 $ contre l’entreprise Médic Santé, son ancien employeur.

Assortie de plusieurs conditions strictes, cette peine d’un an et demi avec sursis découle d’une suggestion commune soumise au tribunal par l’avocate de l’accusée, Me Julie Lorusso, de l’Aide juridique, et le procureur de la Couronne, Me Jonathan Tondreau, à la suite d’une entente négociée entre les deux parties.

Selon la preuve présentée au tribunal, Brigitte Lefebvre a fraudé Médic Santé pour une somme totalisant 12 600 $ sur une période de près de six ans, soit de juin 2012 à mars 2018, alors qu’elle travaillait au service à la clientèle de cette entreprise.

«Madame utilisait un stratagème de fausses factures lors de l’achat d’appareils pour encaisser l’argent. On parle d’une centaine de dollars par transaction. C’est la comptable de l’entreprise qui a découvert le stratagème», a indiqué Me Tondreau à la cour.

Rage et désarroi

Le procureur du ministère public a souligné que cette histoire avait entraîné d’importantes conséquences financières et aussi psychologiques pour les frères Robert et Donald Wall, propriétaires de Médic Santé, une entreprise qui offre des équipements médicaux pour les soins à domicile.

«Nous avions une bonne relation avec Mme Lefebvre. On a donc été très surpris qu’elle nous ait roulés de la sorte. Elle nous a bernés comme il faut; c’était rendu son guichet automatique…, a d’abord mentionné Robert Wall au tribunal avec une certaine rage, avant d’exprimer tout son désarroi face à cette situation.

«Vivre tout ça a été un vrai cauchemar pour nous et ça va le rester,  parce que ça nous affecte encore. Il a fallu que je me fasse traiter et j’ai perdu confiance en beaucoup de monde à cause de cette affaire, mais on se tient debout et on va revenir. Ça fait d’autant plus mal que notre travail consiste justement à aider le monde, à avoir de l’empathie, à être honnête», a-t-il raconté, la voix brisée par l’émotion.

Le juge Gervais: «L’argent n’est pas tout»

Appelé à entendre cette cause, le juge Jean-Pierre Gervais, de la Cour du Québec, n’est pas resté insensible devant le récit de Robert Wall. «Un discours plutôt rare dans des dossiers économiques, a-t-il fait remarquer.

«Ça prend du courage pour venir s’exprimer de la sorte à la cour, je comprends votre rage, a ensuite signalé le magistrat en s’adressant à M. Wall. Cela vient nous rappeler que derrière chaque fraude, il y a des personnes qui sont touchées. L’argent n’est pas tout, les dommages vont bien au-delà des pertes financières. Il arrive que des gens ne s’en remettent jamais», a-t-il ajouté.

Les frères Wall auraient pu réclamer un dédommagement financier (outre celui d’environ 8000 $ obtenu de leur assureur), mais ils ont décidé de ne pas s’engager dans cette voie. «Ce qu’on voulait, c’est une sentence, afin de pouvoir tourner la page sur toute cette histoire. Dans l’ensemble, la peine (infligée à l’accusée) nous satisfait», a affirmé Robert Wall.

Barreaux virtuels

Bien qu’il ne trouve pas la peine particulièrement sévère, le juge Gervais a entériné la suggestion commune des deux parties. Parmi ses conditions de détention, l’accusée devra demeurer à sa résidence en tout temps lors des 18 prochains mois, sauf pour occuper un emploi, obtenir des soins médicaux ou effectuer certains achats. «Une peine n’est jamais une vengeance, a rappelé le juge Gervais.

«Le rapport pré-sentenciel vous est favorable, vous ne minimisez pas vos gestes. Ce type d’infraction peut envoyer quelqu’un dans un centre de détention, mais ce n’est pas nécessaire dans votre cas, a expliqué le juge en s’adressant à l’accusée. C’est tolérable de vous faire purger votre peine dans la collectivité, on accepte le sursis parce que vous travaillez, mais sachez que les barreaux sont virtuels; la moindre condition brisée risque de mener à votre arrestation et un juge pourrait alors ordonner que vous purgiez le reste de votre peine en prison», a-t-il prévenu.

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