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06 février 2020

Un recours au bâillon déplorable

Le Conseil central régional de la CSN interpelle les députés caquistes de l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec sur le projet de loi 40

Félix-Antoine Lafleur - CSN

©Photo: Archives - Le Citoyen Val d'Or - Amos

Félix-Antoine Lafleur interpelle Pierre Dufour, Suzanne Blais et Denis Lamothe face à leur appui au projet de loi 40, qui sera vraisemblablement adopté sous le bâillon.

Chers et chère député(e)s de la Coalition Avenir Québec de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. Je me résous aujourd’hui à vous écrire publiquement puisqu’il m’apparaît très important de vous faire part des préoccupations ainsi que des conséquences liées aux actions de votre gouvernement au courant des prochains jours concernant le projet de loi 40, modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires.

Tout d’abord, laissez-moi vous rappeler la définition du mot bâillon tel que cité dans le dictionnaire Larousse: Bandeau ou tampon que l’on met sur la bouche de quelqu’un pour l’empêcher de parler ou de crier. Votre parti s’apprête donc à bâillonner les parlementaires afin de faire passer en vitesse un projet de loi massif de plus de 300 articles, ayant un potentiel d’impacts négatifs immense sur le réseau de l’éducation, particulièrement dans nos régions. Faut-il d’ailleurs rappeler que ce n’est pas la première fois que votre gouvernement utilise cette procédure pour se permettre d’ignorer les voix contraires à sa pensée?

Je me permets de également de vous rappeler que l’une des principales critiques à l’endroit de vos prédécesseurs libéraux était de n’être que des porte-paroles de Québec dans nos régions. Vous prétendez représenter le changement. Pourtant, vos récentes déclarations d’appui au projet, notamment dans le cas du ministre Dufour, ou votre silence sur celui-ci, démontre clairement que vous perpétuez cette tradition malsaine de ne pas faire entendre les voix de nos deux régions au parlement, mais plutôt d’être les vendeurs des politiques décidées là-bas.

Mais attardons-nous au projet de loi 40, car bien que ce soit un projet de loi centralisateur, donnant plus de pouvoirs au ministre et moins aux représentants régionaux, vous persistez à le soutenir et à le défendre. Afin de clarifier les conséquences envisageables du projet de loi 40, voici quelques exemples:

- Article 46: Cet article donne, entre autres, le pouvoir au ministre de modifier les territoires ou même de fusionner des centres de services de son propre chef sans approbation nécessaire des représentants territoriaux. Malgré cela, votre collègue ministre de l’Éducation s’est défendu de vouloir faire des fusions. Alors, pourquoi l’inscrire dans la loi? Sachant que, par le passé, des tentatives de fusions forcées de commissions scolaires ont été combattues becs et ongles par les citoyen-nes de nos régions, pourquoi ne pas vous opposer à cet article?

- Article 102: Cet article donne le pouvoir au ministre de forcer des centres de services à centraliser leurs achats. Combiné avec le projet de loi 37, visant principalement à instituer le Centre d’acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec, la porte est grande ouverte à des politiques d’achats inadaptées aux besoins locaux, puisque déterminées par un ministre à 800 km de la réalité. De plus, une des conséquences plus que probables est la concentration forcée de l’achat des ressources matérielles dans les grands centres, mettant ainsi en péril la rentabilité et la viabilité de certaines entreprises locales, qui fournissent actuellement les établissements scolaires. En tant que porte-paroles de nos régions à l’Assemblée nationale, comment justifier l’appui à une telle mesure?

- Article 49: Cet article vient éliminer les élections scolaires. Ayant vous-mêmes été élus de façon démocratique, je ne peux que souligner l’absurdité et l’incohérence d’abolir un processus similaire de désignation de représentants, sous prétexte que trop peu de gens y participent. Cela revient à dire que pas de démocratie vaut mieux que peu de démocratie. Et si réellement c’est l’aspect financier de l’organisation d’élections scolaires qui vous permet de valider votre appui à cet article, je vous suggère une alternative aussi évidente qu’efficace, soit la tenue de ces élections en même temps que les élections municipales. Cette pratique est d’ailleurs très répandue autant dans le reste du Canada que chez nos voisins du Sud. Pourquoi cette avenue n’a-t-elle pas été envisagée?

Je conclurai en vous soulignant que le système d’éducation québécois est reconnu comme l’un des meilleurs dans le monde occidental. Bien sûr, il n’est pas parfait et peut être amélioré, mais ce n’est certainement pas en substituant un réinvestissement plus que nécessaire par une réforme comme celle-ci que cela engendrera des résultats positifs pour ceux qui en subiront les principaux effets, les enfants québécois.

Souvenez-vous de ceci aux prochaines élections, car bien que vous tenterez sûrement de camoufler les dommages que causera le projet de loi 40, nous nous ferons un devoir de rappeler aux électeurs et électrices que vous en êtes en partie la cause.

Puissiez-vous mieux défendre les citoyennes et citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec dans le futur.


Félix-Antoine Lafleur
Président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue/Nord-du-Québec-CSN

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