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12 mars 2020

Mamans violentées désabusées de la DPJ

Témoignages troublants de trois femmes

AB-Rabaska

©Photo Depositphotos/Djedzura

Trois femmes de la région ont accepté de raconter leurs batailles pour leurs enfants avec la Direction de la protection de la jeunesse.

Vanessa, Laurence et Patricia (noms fictifs). Trois femmes désabusées de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) qui, après avoir survécu à des années de violence conjugale, doivent se battre encore aujourd’hui contre leur agresseur à travers les rouages d’un système défaillant pour le bien de leurs enfants, selon elles. 

Ce sont de véritables histoires d’horreur que racontent ces trois survivantes de la région. Bien que leurs vécus soient distincts, les difficultés et les injustices qu’elles disent subir aux mains de la DPJ sont pourtant les mêmes. «Parfois, je me demande si les personnes qui travaillent à la DPJ ont un cœur, surtout les femmes, confie Laurence, les larmes aux yeux. Comment peut-on être aussi peu solidaires envers des femmes qui ont subi des violences que personne ne mérite de vivre dans sa vie?» 

Cet avis est partagé par les deux autres femmes. Si elles sont maintenant aux prises avec ce système, affirment-elles, c’est parce qu’elles ont choisi de dénoncer aux autorités les violences que leurs conjoints leur faisaient subir. Dès que des enfants sont témoins ou victimes de violence, les policiers de la Sûreté du Québec n’ont d’autres choix que de déposer une plainte à la DPJ, pour le bien-être des petits. 

Si ces plaintes peuvent souvent sauver des vies, elles peuvent aussi faire presque empirer les choses, si on fie aux récits des trois femmes. «Parfois, lorsque je réalise à quel point l’on se fait traiter comme des personnes de mauvaise foi, des menteuses ou des manipulatrices, je me demande si j’ai bien fait d’appeler la police, admet Patricia. Je l’ai fait pour sortir mes enfants de là. Pourtant, avec tout ce qui m’arrive, ça m’est déjà arrivée de me dire: j’aurais peut-être dû continuer à encaisser les coups plutôt que de me tourner vers la DPJ…» 

«Il est important de mentionner que le rôle du DPJ est d’assurer l’intérêt et la protection de l’enfant. C’est toujours ce principe qui s’applique lorsqu’il est question de prendre une orientation clinique pour un enfant», indique-t-on du côté de la DPJ par courriel. 

Des agresseurs avantagés? 

Pour Vanessa, Laurence et Patricia, l’horreur de la violence conjugale n’est pas terminée. Depuis l’ouverture de leurs dossiers à la DPJ, ces mères de famille ont toutes les trois perdu confiance envers le système. «Mon ex-conjoint n’a jamais été de bonne foi ou collaboratif, assure Patricia, mère de cinq enfants. Pourtant, c’est moi qui ai été visée par l’aliénation parentale et des problèmes de santé mentale, deux aspects qui ont été démentis et retirés de mon dossier depuis.» 

Quant à Vanessa, bien que son conjoint ait une déviance sexuelle (et qu’il ait lui-même admis consommer de la pornographie juvénile), les intervenantes de son dossier semblent faire tout en leur pouvoir pour permettre à nouveau à l’agresseur de revoir ses enfants. «Les intervenants en parlent comme si c’était lui, la victime. Pauvre petit monsieur, il a de la peine de ne plus voir ses enfants! Cet homme a fait des choses terribles à mes enfants, divers types de violence. Je ne pourrais jamais le laisser seul avec eux, j’aurais bien trop peur pour leurs vies.» 

L’un des problèmes de ce système, soutiennent les trois femmes, est que la violence conjugale n’est pas prise en compte dans le traitement des dossiers. De plus, elles soulignent que leurs droits n’ont jamais été précisés par la DPJ. «Elles apprennent sur le tas, comme on dit, soupire Lee Faubert, intervenante à la Maison d’hébergement Le Nid de Val-d’Or. Par exemple, la plupart ignorent qu’elles peuvent être accompagnées par une personne de leur choix. Ça peut être un proche ou une intervenante au sein d’un organisme en qui la femme a confiance.» 

«Il arrive, malgré les explications sur le sens de nos interventions, que l’un ou l’autre des parents ne comprenne pas nos décisions, notamment dans les situations où il y a eu violence conjugale ou lorsque nous sommes en présence d’un conflit de séparation entre deux parents. Dans tous les cas, les besoins de l’enfant, ses intérêts et sa sécurité sont les priorités pour la DPJ», explique-t-on du côté de l’organisation. 

«J’ai appelé la DPJ pour que l’on m’aide, mais au final, ce ne sont pas mes alliés à moi, ce sont ceux de mon agresseur»  - Patricia  

Des enfants terrorisés 

Les enfants de Vanessa, Laurence et Patricia sont marqués pour toujours par les événements qu’ils ont vécus, signalent les mamans. Dans les cas de Vanessa et Patricia, elles ont chacune une enfant qui refuse catégoriquement de reprendre contact avec le père. «Mes enfants l’appellent ‘’L’autre’’, relate Vanessa. Ce n’est pas moi qui leur aie montré à dire ça! Ma fille Gabrielle (nom fictif), elle, ne veut plus rien savoir de revoir son père.» 

«Ma plus vieille, Catherine (nom fictif), l’appelle carrément le géniteur, ajoute Patricia. Son refus de revoir son père est aussi catégorique. La DPJ tente à tout prix d’organiser une rencontre entre ma fille et lui, mais Catherine refuse. Elle m’a dit qu’elle n’avait aucun intérêt à revoir une personne qui nous a fait autant de mal.» 

De nombreuses conséquences découlant de la violence conjugale sont possibles chez les enfants et les adolescents: cauchemars, anxiété, brutalité envers les animaux ou d’autres humains, problèmes de peau ou encore décrochage scolaire sont quelques exemples d’une très longue liste. 

Mais l’une des pires répercussions auxquelles sont confrontées ces trois mères, c’est l’envie de se suicider. «Ma fille Mathilda (nom fictif) m’a dit qu’elle voulait mourir, confie Laurence en essuyant ses larmes. Elle n’a même pas 10 ans et elle parle de suicide. De plus, elle a développé de la cruauté envers nos animaux, qu’elle frappe à coups de balais. Elle a tellement vu et vécu de choses terribles à son jeune âge, elle a maturé tellement vite.» 

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