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26 août 2020

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Il y a 100 ans, Taschereau subissait un assaut armé

Plus de 200 travailleurs en route vers l’Ouest avaient saccagé le petit village

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©Bibliothèque et Archives nationales du Québec – Collection Magella Bureau

La gare et la rue Principale de Privat (Taschereau) vers 1920.

Si Taschereau est notamment reconnue pour son caractère paisible, cela n’a pas toujours été le cas. En août 1920, la petite municipalité d’Abitibi-Ouest avait subi un assaut armé par plus de 200 travailleurs en route vers l’Ouest canadien. Ce véritable siège s’était soldé par un mort et plusieurs blessés.

Le 15 août 1920 vers 17h, un train en route pour les provinces de l’Ouest canadien avait fait halte à la gare O’Brien de Taschereau, qui portait alors le nom de Privat. Dans une douzaine de wagons, il transportait environ 300 hommes, pour la plupart d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale embauchés pour aller travailler dans les fermes de l’Ouest.

Dans son édition du 16 août 1920, le journal L’Abitibi rapportait que dès leur arrivée, les hommes avaient tenté de prendre d’assaut les magasins et l’hôtel du village, comme ils avaient failli le faire un an plus tôt avaint d’être stoppés dans leur élan par le maire, J.O. Gauthier qui, revolver au poing, avait menacé «de tuer le premier qui s’approcherait de lui», avait-on rapporté dans le journal. Comme le maire ne voulait pas revivre la mauvaise expérience de 1919, il avait mandaté une cinquantaine de constables spéciaux afin de protéger les commerces et les édifices publics. Ceux-ci étaient armés de carabines et de revolvers, mais les gardaient dissimulés.

Les travailleurs, désignés sous le vocable de Moissonneurs, s’étaient alors vu autoriser l’accès aux commerces, mais en groupe de quatre individus à la fois. «Ils furent poliment avertis de cesser leurs agissements, que des marchandises leur seraient vendues, mais qu’on ne tolèrerait pas de désordre», avait précisé le journal.

Scènes de chaos

Si la plupart des Moissonneurs s’étaient contentés de faire leurs achats, certains avaient proféré des menaces et des insultes. Environ 200 Moissonneurs s’étaient alors regroupés sur le chemin de fer et avaient commencé à lancer des pierres vers les commerces. Un premier avertissement des policiers avait été répondu par «environ 25 coups de feu» de la part des émeutiers.

C’est alors que les constables spéciaux avaient ouvert le feu, blessant sept émeutiers. Un huitième Moissonneur, un jeune Allemand âgé de 19 ans, qui n’avait pas pris part à l’assaut, avait aussi été atteint mortellement d’une balle en pleine poitrine, tandis qu’un employé du chemin de fer, qui inspectait le convoi, avait reçu une balle dans un pied. «Les cris des blessés et du mourant s’entendaient au-dessus du bruit des armes à feu et des vociférations des Canado-Boches (sic). Des femmes s’évanouirent, les hommes furent braves et défendirent avec courage leur famille et leurs biens», pouvait-on lire dans L’Abitibi.

Une cinquantaine d’émeutiers avaient ensuite tenté de reformer un groupe, criant qu’ils allaient «tout mettre à feu et à sang». Leur tentative n’avait cependant pas abouti, et ils avaient été reconduits dans le train.

Nombreux dégâts

Des tentatives de vol avaient été rapportées un peu partout, mais avaient été réprimées par les policiers. Les émeutiers avaient également tenté d’incendier «les magasins de MM. Gauthier et Galarneau», sans doute dans un geste de vengeance par rapport aux événements de 1919, en y répandant à deux reprises un baril de pétrole, mais là encore, les agents avaient réussi à les arrêter.

Les trois propriétés qui avaient le plus souffert avaient été les magasins de «MM. Gauthier et Galarneau» ainsi que la pharmacie de «M. Terrier». Toutes les vitres avaient été cassées et quelques balles avaient traversé le bâtiment. Le journal L’Abitibi précisait même que M. Galarneau avait été «effleuré par deux balles au passage».

À qui la faute?

Le rapport du coroner, publié dans l’édition du 26 août 1920, avait statué que les habitants de Taschereau avaient eu «à subir un vrai siège et un assaut à mains armées». Pour sa part, le maire J.O. Gauthier avait imputé la responsabilité des gestes d’abord aux Moissonneurs, mais aussi au ministère des Chemins de fer.

Après les événements de 1919, le maire J.O. Gauthier avait en effet écrit au Ministère pour soit que le ravitaillement du train des Moissonneurs ait lieu avant ou après les limites de la gare de Taschereau, soit que des constables spéciaux soient embarqués dans le train, soit que les Moissonneurs soient désarmés avant leur embarquement. Dans tous les cas, ses requêtes étaient restées lettre morte.

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©Archives

La Une du journal L’Abitibi du 19 août 1920 rapportant l’«épouvantable tragédie à Privat», le nom que portait alors le village de Taschereau.

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