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18 novembre 2020

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

«Rien n’est plus permanent que le temporaire»

La fermeture des CLSC ruraux entraîne déjà des problèmes

Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Abitibi-Témiscaminuge

©Patrick Rodrigue - Le Citoyen Val d'Or - Amos

La FIQ-SISSAT et le Réseau 50+ Abitibi-Témiscamingue se disent tous deux inquiets des répercussions de la fermeture temporaire des CLSC en milieu rural sur les usagers du réseau. Sur la photo, les bureaux du CISSSAT à Rouyn-Noranda.

La fermeture temporaire des CLSC ruraux entraîne tout un lot de problèmes et sème plusieurs inquiétudes dans les plus gros établissements du CISSSAT.

Si la réduction temporaire des services dans les CLSC ruraux de l’Abitibi-Témiscamingue est monnaie courante depuis quelques années en période estivale, l’annonce faite par le CISSSAT, il y a quelques jours, de suspendre ceux-ci pour une durée de trois mois à l’approche de l’hiver a semé la consternation. Déjà, les impacts négatifs commencent à se faire sentir.

À l’hôpital de Rouyn-Noranda, entre autres, l’achalandage s’est accru au centre de prélèvements, alors que les gens des quartiers ruraux ne peuvent plus se rendre à leur CLSC pour obtenir ce service. À deux reprises en autant de semaines et à des heures différentes dans la journée, des représentants du Citoyen ont pu constater que le délai d’attente, sur place, avait augmenté de façon importante par rapport aux mois précédents. Il en a résulté un nombre plus important de personnes sur place, et ce, malgré le système de rendez-vous téléphoniques implanté au début de la pandémie de COVID-19 pour, justement, réduire l’achalandage dans les centres de prélèvement.

Questionnée à ce sujet, la présidente du Syndicat interprofessionnel en soins de santé de l’Abitibi-Témiscamingue (FIQ-SISSAT), Véronique Éthier, a déclaré ne pas être vraiment surprise. «C’était à prévoir, a-t-elle mentionné, surtout en ce qui a trait aux personnes âgées qui demeurent dans les milieux ruraux. Ces personnes ont souvent besoin de prises de sang régulières, certaines aux deux ou trois jours. Lorsqu’il n’y a plus de services dans leur milieu, elles n’ont d’autre choix que de se tourner vers l’urgence.»

Comme un coup de poing

Le Réseau 50+ Abitibi-Témiscamingue, qui représente plus de 9000 aînés de la région, dont plusieurs vivent en milieu rural, s’inquiète vivement de cette situation. «La fermeture ʺtemporaireʺ a été reçue comme un coup de poing. On le sait tous, dans le retrait des services de proximité aux communautés, trop souvent, il n’y a rien de plus permanent que le temporaire», a lancé la présidente de l’organisme, Francine Boulet, dans un communiqué émis le 18 novembre.

Ayant elle-même œuvré de nombreuses années dans le réseau de la santé et des services sociaux, Mme Boulet a signalé comprendre difficilement la logique invoquée par le CISSSAT qui consiste à déplacer les infirmières des CLSC ruraux vers les hôpitaux afin de combler un manque criant de main-d’œuvre.

«Si c’est pour renforcer les services à domicile, faudra-t-il inscrire aux services à domicile toutes les personnes âgées qui ont besoin des soins courants qu’offraient les CLSC? Devront-elles s’inscrire par Internet? Combien d’aînés en seront incapables? Combien de temps d’attente pour un rendez-vous à l’hôpital? Qui accompagnera les personnes seules qui ne peuvent conduire? Iront-elles seulement à leur rendez-vous si elles doivent se déplacer sur de longues distances et dépendre du bon vouloir d’un proche ou d’un voisin? Fournira-t-on au moins aux aînés, privés de leurs soins courants dans leur CLSC, un numéro de téléphone où il y aura une vraie personne au bout du fil pour prendre leur rendez-vous, les conseiller et les rassurer?», s’est-elle interrogé.

«Les points de service ruraux contribuaient, justement, à réduire l’achalandage dans les hôpitaux. Avec la situation actuelle, il y a une hausse du risque de propagation des virus, et pas uniquement celui de la COVID-19» - Véronique Éthier

Inquiétante promiscuité

Selon Véronique Éthier, la promiscuité accrue dans les urgences et dans les centres de prélèvement pourrait aussi contribuer à un risque plus élevé d’éclosions de maladies, en raison du nombre plus élevé d’usagers qui se retrouvent en même temps dans un même espace restreint. «Les points de service ruraux contribuaient, justement, à réduire l’achalandage dans les hôpitaux. Avec la situation actuelle, il y a une hausse du risque de propagation des virus, et pas uniquement celui de la COVID-19», a-t-elle fait valoir.

Interpellé pour savoir si un suivi était effectué à cet égard depuis la fermeture temporaire des CLSC ruraux, le CISSSAT a simplement indiqué que, en matière de distanciation physique, il appliquait les recommandations du ministère de la Santé et de la Santé publique.

Le CISSSAT a également référé Le Citoyen à Optilab pour tout détail supplémentaire. «Les laboratoires et les centres de prélèvement, y compris l’équipement, ne sont pas sous la responsabilité du CISSSAT, mais bien d’Opitlab», nous a-t-on exposé. Il aura fallu que Le Citoyen insiste pour que le CISSSAT indique que l’achalandage faisait l’objet d’un suivi régulier. «Des mesures supplémentaires pour nous assurer du bon respect du deux mètres pourraient toujours s’appliquer», a-t-on précisé.

La présidente de la FIQ-CISSSAT s’est dite surprise par cette justification du CISSSAT. «C’est quand même drôle qu’on remette ça sur un organisme basé à Montréal, alors que la situation se produit dans les installations de l’Abitibi-Témiscamingue, a souligné Véronique Éthier. Je ne sais pas quelle est l’entente entre le Centre universitaire de santé McGill et les établissements du CISSSAT, mais ils ne savent pas comment on est arrangés.»

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