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03 décembre 2020

Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca

Un projet de mégaporcherie sème l’inquiétude

Maternité porcine de plus de 3000 bêtes à Palmarolle

porcherie palmarolle abitibi

©Photo Le Citoyen – Archives

Le projet du promoteur David Vincent ferait passer de 900 à plus de 3000 le nombre de bêtes de la Ferme porcine Tenlap de Palmarolle.

Une pétition a été lancée sur les réseaux sociaux par des résidents de Palmarolle, inquiets des répercussions que pourrait avoir un projet d’expansion de la maternité porcineTenlap, qui passerait de 900 à plus de 3000 bêtes, sur leur qualité de vie.

«C’était comme si on était une gang de colons»  - Fernando Gauthier 

Comme ce projet d’une valeur évaluée à 3 M $ prévoit la construction de trois fosses à lisier et des épandages sur les territoires de Palmarolle, La Sarre et Mancebourg (voir plus bas), la municipalité de Palmarolle a tenu une séance de consultation publique, le 19 novembre. Celle-ci s’inscrivait dans un processus plus large, qui permettait notamment aux gens d’envoyer leurs commentaires écrits jusqu’au 4 décembre, à partir du site web de la MRC d’Abitibi-Ouest (MRCAO).

La séance publique de Palmarolle s’est déroulée en présence du préfet de la MRCAO, Jaclin Bégin, de la mairesse de Palmarolle, Louisa Gobeil, du maire de Mancebourg, Florent Bédard, et du promoteur, David Vincent, qui est aussi maire de Sainte-Séraphine, un village de la MRC d’Athabaska localisé à mi-chemin entre Victoriaville et Drummondville. Il y avait aussi des représentants de différents ministères. 

Selon Florent Bédard, aucun des quelque 15 citoyens présents lors de la consultation publique n’aurait avancé d’argument capable à freiner ou modifier le projet. «Nous n’étions pas là pour juger le projet, mais pour nous assurer que les règles allaient être respectées», a-t-il laissé tomber. 

Interpellé par Le Citoyen, Jaclin Bégin a invoqué des raisons éthiques et n’a pas commenté. Quant à la mairesse de Palmarolle, Louisa Gobeil a démissionné de ses fonctions au lendemain de la consultation publique, invoquant de nombreux conflits au sein du conseil municipal de sa municipalité. 

«Choqué, révolté!» 

Gaétan Roy est voisin de la Ferme Tenlap, située dans le Rang 8 à Palmarolle. Il craint les odeurs et les débordements de lisier qui pourraient être engendrés par le projet. Il s’est senti floué par l’exercice de consultation. Il a désormais l’impression que tout avait été décidé à l’avance et que la MRCAO tente plutôt de passer le projet en douce. «Le monde était choqué et révolté [durant la séance de consultation publique]. On savait que ça ne donnait rien de venir ici», a-t-il ragé. 

Le promoteur, David Vincent, qui se décrit comme un père de famille ayant «Sainte-Séraphine tatouée sur le cœur», sur la page web de la mairie de Sainte-Séraphine, s’est présenté comme simple agriculteur aux citoyens de Palmarolle. 

«On a répondu aux questions en lien avec le projet. La cohabitation est primordiale pour nous. On a déposé un plan environnemental pour s’assurer que l’épandage soit conforme. On ne veut pas créer de l’inquiétude», a-t-il déclaré au Citoyen. Il a affirmé être sensible aux préoccupations des gens. 

M. Vincent est copropriétaire de la Ferme Lyjean, une ferme d’engraissement de porcs dans sa municipalité, et possède des installations dans trois autres endroits ailleurs au Québec, dont Palmarolle. Au total, ses fermes produisent 65 000 porcs par année. 

Rivière Dagenais Palmarolle

©Photo Municipalité de Palmarolle

Des citoyens redoutent de voir la qualité de l’eau de la rivière Dagenais (photo) et du lac Abitibi se dégrader.

Questions sans réponse 

Gaétan Roy soutient qu’on aurait refusé de répondre à ses interrogations concernant les raisons de l’agrandissement. «De plus, on sait que le bassin déborde presque chaque année. Est-ce normal?», aurait demandé M. Roy, lors de la consultation publique du 19 novembre, ajoutant que des eaux usées s’écouleraient dans les ruisseaux près de chez lui. 

«J’ai mentionné ça dans la période de commentaires. M. Vincent était à court de réponses et semblait ignorer l’existence du problème», a-t-il indiqué. 

Selon Alain Lapointe, un autre résident du secteur, «tout était fait à l’avance!». Lui et sa conjointe s’inquiètent pour la qualité de l’eau de la rivière Dagenais et du lac Abitibi, déjà sous pression. Des taux élevés de phosphore dans l’eau entraînent déjà des éclosions de cyanobactéries (algues bleues) dans plusieurs zones riveraines. 

Même son de cloche de la part de Fernando Gauthier. «On a fait rire de nous autres! C’était arrangé. Ils ont dit que ça ne donnait rien de critiquer parce qu’avant, il y avait plus de fermes», a-t-il lancé, s’inquiétant notamment des odeurs qui seraient dégagées par un tel volume de production porcine et par la dégradation de la qualité de vie des gens d’Abitibi-Ouest qui s’ensuivrait. Il a souligné ne pas s’être senti respecté lors de la consultation. «C’était comme si on était une gang de colons», a-t-il déploré. 

D’autres questions auraient aussi été laissées sans réponse, notamment à propos des suivis environnementaux. Les opposants au projet soutiennent que le lieu d’élevage ne serait pas conforme aux règles sur l’augmentation de la production de fumier liquide. Ils ont aussi amorcé une pétition sur le site change.org. 

Trois nouveaux réservoirs de purin 

Le projet prévoit un volume de 14 937 m3 de déjections produites sur un horizon de 275 jours. Le purin serait entreposé dans trois réservoirs d’une capacité totale de 15 774 m3. La nouvelle autorisation émise par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation permettrait la production d’un seuil de plus de 33 200 kg de phosphore, sans toutefois dépasser les 34 200 kg. 

L’épandage d’un tel volume devra être réparti sur plusieurs territoires puisque les terres sur lesquelles la ferme est établie ne peuvent absorber de tels volumes. Selon le projet, des épandages sont prévus à La Sarre, Palmarolle et Mancebourg. La municipalité de Palmarolle a aussi le pouvoir d’imposer des règles supplémentaires au promoteur: obligation de couvrir les fosses, obligation de recouvrir les lisiers épandus dans les 24 heures qui suivent, augmenter les distances séparatrices, imposer l’aménagement des dispositifs pour le bris d’odeurs ou encore réglementer l’utilisation de l’eau. 

Porcherie_lisier_epandage

©Archives

En raison d’un manque d’espace sur les terres de la Ferme Tenlap de Palmarolle, le purin de porc devra aussi être épandu sur les territoires de Mancebourg et La Sarre.

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