Amos perd son souriant livreur chantant

Départ soudain du chanteur Tharsis Fradette

©Martin Guindon - Le Citoyen Val d'Or - Amos

Tharsis Fradette, avec son 10e et dernier album, Chansons d’amour et d’humour, en 2012.

Le décès Tharsis Fradette, 78 ans, a pris tout le monde par surprise, le 2 janvier. Le départ aussi soudain qu’inattendu de ce prolifique auteur-compositeur-interprète country laissera un grand vide dans la communauté amossoise.

Né à Manneville, Tharsis Fradette était le plus jeune d’une famille de 15 enfants¸ dont plusieurs étaient musiciens. Son père jouait du violon. Ses frères Jules et Georges, aujourd’hui décédés, ont participé à ses premiers disques.

«Nous étions une famille très musicale. Mon oncle Alfred m’avait donné un harmonica à 4 ou 5 ans et j’ai tout de suite été capable de jouer des airs dessus», racontait-il en novembre 2012, alors qu’il s’apprêtait à lancer Chansons d’amour et d’humour, qui aura été son dernier album, mais son 10e en 10 ans!

Il avait ensuite appris à jouer de l’accordéon, puis de la guitare. À 15-16 ans, il écrivait ses propres chansons. Ce n’est toutefois qu’en 2002 qu’il s’est autorisé à réaliser un vieux rêve d’enfance, celui d’endisquer des chansons de son répertoire qui en comptait alors déjà plus de 180! Il en aura endisqué 128… et en 2012, il en avait encore 130 en banque.

Avec Denis Champoux

Son premier album, intitulé justement Mon rêve d’enfant, a été réalisé par nul autre que Denis Champoux, avec qui il s’est lié d’amitié. Non seulement a-t-il enregistré chacun de ses albums dans son studio de Cap-Rouge, ce grand de la musique country québécoise qui nous a quittés en 2017 l’a aussi accompagné à la guitare sur plusieurs de ses chansons. «C'est un grand chum depuis huit ans. C'est toujours un plaisir d'aller enregistrer dans son studio», avait confié Tharsis Fradette, lors de la sortie de 7e album, Paradis enchanteur, en 2009.

L’Amossois trouvait l’inspiration dans la nature qui l’entourait, mais aussi dans les gens qu’il côtoyait. D’ailleurs, il disait lors de son premier album s’inspirer aussi de son métier de livreur qu’il exerçait alors pour la Pizzéria Amos. «La musique me vient toute seule. Souvent, en me levant le matin, j’ai un air dans la tête. Je me dépêche d’aller le fredonner et l’enregistrer dans un magnétophone. J’en ai un avec moi aussi quand je livre, car il m’arrive d’avoir des idées sur la route», avait-il alors partagé.

Au Festival de Saint-Tite

Sur disque, il a rendu hommage à plusieurs personnes, dont l’amour de sa vie, Jeanne-d’Arc Gagné. Le couple, qui a eu deux enfants, Carl et Karen ainsi qu’une petite-fille Lauriane, a célébré son 49e anniversaire de mariage en juillet dernier. Son épouse l’a aussi souvent accompagné au chant et ils se sont même offert un duo tout en humour, Chiale pas après moé, où elle lui donnait la réplique. «On se parle dans la face», rigolait-il en 2012.

Ses talents l’ont conduit jusqu’au Festival western de Saint-Tite et parmi les finalistes du Prix étoiles GALAXIE de Radio-Canada en 2004. Ses chansons ont tourné dans des stations de radio du Québec, de l’Ontario, de l’Ouest canadien et même des États-Unis.

Quilles et implications

Avec son humour et son sourire contagieux, Tharsis Fradette était connu comme Barabbas dans la Passion. Il a exercé différents métiers avant de se lancer en affaires avec le dépanneur Chez Tharsis, qu’il a opéré pendant 9 ans sur la 6e Rue Ouest. Il a aussi été l’un des actionnaires fondateurs de la Salle de quilles d’Amos, avant de se tourner vers la livraison jusqu’à sa retraite.

Grand adepte du bowling, il a animé pendant plusieurs années l’Heure des quilles à TVC7. Il a aussi fait la promotion de la musique country par l’organisation de spectacles, puis avec l’émission Vidéoclips Country à TVC7. Ses implications étaient aussi nombreuses, notamment auprès d’Entraide de quartier le Point d’Eau, de la Popote Roulante et du diocèse d’Amos.