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23 juin 2021

Jessica Gélinas - jgelinas@lexismedia.ca

50 ans derrière le volant

Le camionneur Yves Audet a parcouru une longue distance sur le chemin de la passion

Yves Audet camionneur

©Photo Nathalie Gauthier

Le camionneur Yves Audet vit de sa passion depuis les 50 dernières années.

Le 25 juin 2021 marquera les 50 ans de métier d’Yves Audet, figure connue dans l’univers du camionnage en Abitibi-Ouest. Portrait d’un réel passionné des camions. 

Depuis qu’il est haut comme trois pommes, le Lasarrois voue un amour inconditionnel pour les camions. C’est à l’âge de 18 ans qu’il a débuté sa carrière de camionneur. Pendant 40 ans M. Audet a transporté du bois, mais depuis les 10 dernières années il a surtout transporté des matières en vrac tel que des agrégats, de l’asphalte et du minerai. Pour Yves Audet, son métier n’est pas qu’un simple métier, c’est une vraie passion. 

«Ce qui me passionne, c’est de me lever le matin, d’embarquer dans mon camion et d’aller travailler en l’écoutant rouler sur le chemin», a fait valoir le camionneur. 

Hautement respecté par ses pairs 

Hautement respecté par ses pairs, la réputation du préretraité n’est plus à faire. «Ça fait 15 ans que je travaille avec Yves. Il est toujours de bonne humeur. Quand il y a des nouveaux, il prend toujours le temps de leur expliquer comment ça marche et de leur donner des trucs. Il aide pour que ça se passe bien sur les chantiers. Quand il est là, on sait que ça va bien se passer », a confié la directrice au Sous-poste de camionnage en vrac de l’Abitibi-Ouest, Lyne Paradis. 

«Yves est un exemple à suivre, a-t-elle ajouté. Il est aimé de tout le monde. Personne ne va dire qu’il n’aime pas Yves Audet, ça c’est clair!» 

Plus qu’un métier, un mode de vie 

Par la nature de leur travail, les camionneurs finissent par tisser des liens, telle une fratrie. Puisqu’il s’agit d’un métier plutôt solitaire, M. Audet apprécie grandement les moments d’échange avec ses collègues. 

«Le matin, on arrive une demi-heure plus tôt, on part déjeuner quatre ou cinq gars ensemble et on fait du social. Après ça, on commence la journée», a indiqué le sexagénaire. 

Lorsque le camionneur est sur la route, il a ses propres trucs pour se divertir. «Dans le temps, quand j’étais jeune, j’aimais écouter de la musique. Aujourd’hui, j’en écoute un peu moins, mais j’aime bien le country. J’aime aussi me tenir au courant des nouvelles internationales. Quand je suis tanné, je ferme ça et j’écoute le moteur. Ça, c’est toute une musique!», s’est-il exclamé. 

En route vers la retraite  

À l’aube de ses soixante-dix ans, même si le camionneur est à sa préretraite et même si la fatigue se fait un peu plus ressentir, il n’a définitivement pas perdu le feu sacré. 

«Quand je suis en train de penser à quand je vais arrêter, je n’ai pas besoin d’y penser bien longtemps: j’aime autant mieux changer d’idée! Donc, la retraite ce n’est pas pour tout de suite», a affirmé Yves Audet. Ce dernier est d’ailleurs toujours prêt à partager son expérience et à encourager la relève. 

Une vocation de père en fils

Tout petit, Yves Audet savait déjà qu’il voulait être camionneur. Sa passion des camions lui vient de son défunt père. 

Personnalité connue parmi les camionneurs de la région, Gérard Audet a été une réelle source d’inspiration pour son fils. «Je demandais tout le temps à mon père d’embarquer avec lui. Les seules fois où il m’a dit non, c’est parce qu’il y avait de l’école le lendemain. C’était mon idole. Je le trouvais tellement bon, je voulais faire comme lui», a raconté Yves Audet. 

«Quand j’avais 12 ou 13 ans, lorsqu’on allait porter du gravier quelque part et qu’on revenait à la maison le soir, il me laissait conduire le camion dans un rang. Il me disait: ʺVeux-tu chauffer, p’tit gars?ʺ. Je mettais un coussin sur le siège et je faisais un bout», s’est remémoré le Lasarrois. 

Les premiers pas 

D’ailleurs, l’une des sœurs du camionneur, Lise Audet, se rappelle très bien des balbutiements de ses deux frères en tant que camionneurs. 

«Un jour, mon père était parti et il avait laissé le camion à l’extérieur du garage. Alors Yves, qui avait environ 10 ans, et Paul, âgé d’environ 6 ans, ont décidé qu’ils reculeraient le camion dans le garage. Alors ils se sont mis à deux: l’un essayait de diriger l’autre. Finalement, je crois que c’est mon frère Paul qui était au volant. Ils ont réussi, mais ils ont tellement reculé qu’ils ont défoncé le mur du fond», a confié Mme Audet amusée. 

Leur père n’a jamais poussé ses fils à exercer ce métier, mais il les a toujours encouragés à faire ce qu’ils aimaient. Et ce qu’ils aimaient, c’était les camions. 

«À chaque début d’été, pour faire plaisir à mes frères, mon père leur apportait un voyage de sable fin qu’il ʺdompaitʺ dans la cour arrière. Mes frères faisaient du transport de sable tout l’été avec leurs petits camions, ils faisaient des montagnes et des buttes. À la fin de l’été, le sable était répandu partout dans la cour arrière Ça, ça leur faisait plaisir», s’est rappelé Lise Audet. 

Un accident tragique 

En 1976, une tragédie a ébranlé la famille Audet. Paul Audet, le plus jeune des deux garçons de la famille, a perdu la vie lors d’un accident de la route sur le territoire de la Baie-James. L’homme, alors âgé de dix-neuf ans, venait tout juste d’acheter son camion lorsqu’il est entré en collision avec un autre camion. L’accident s’est révélé mortel pour les deux conducteurs. Yves Audet s’est rendu sur les lieux du drame. Cet événement a marqué sa mémoire à tout jamais. 

Malgré tout, M. Audet n’a jamais pensé à quitter le métier. «Une passion, c’est un couteau à deux tranchants. T’aime ça au boutte, puis tu ne te rends pas compte de ce qu’il y a alentour de toi ou de ta santé. Il faut trouver le milieu. Quand tu es passionné il n’y a pas trop de milieu», a confié le camionneur.

La passion, un legs familial

Tout comme son père, Yves Audet n’a jamais imposé son amour des camions à ses enfants. Sans le savoir, il a toutefois inspiré ses deux garçons, Jean-Philippe et Étienne, ainsi que sa fille, Marie-Christine. 

Les enfants Audet n’ont pas suivi les traces de leur père dans le domaine du camionnage. Très tôt, Marie-Christine a su qu’elle n’était pas faite pour ce métier. 

«Quand j’avais quatre ou cinq ans, j’étais impressionnée par le camion. Je me suis vite rendu compte que je n’avais pas de passion pour la route, car après avoir roulé quelques kilomètres, j’étais déjà tannée, a confié la cadette du clan Audet. Ce que mon père m’a surtout appris, c’est que peu importe ta passion, c’est juste important d’en avoir une et, si possible, de pouvoir en vivre.» 

Fier de ses trois enfants, Yves Audet a voulu que ceux-ci poursuivent leur propre rêve. «L’important pour mon père, c’est qu’on aime ce qu’on fait. Il nous a tout le temps dit qu’on pouvait être pas mal ce que l’on voulait. Il n’y a jamais eu de jugement ou de pression. Tant qu’on travaille et qu’on est honnête, il n’y avait pas de problème», a fait valoir Jean-Philippe, l’aîné de la famille. 

«Mon père a été un modèle, dans la mesure où je m’étais dit qu’il fallait que je trouve ma passion moi-même. Il fallait que je regarde ce qui allait me donner autant de plaisir que le camionnage pour mon père», a mentionné Étienne Audet. 

L’histoire, une deuxième passion 

Le camionneur lasarrois est également un passionné d’histoire, une passion qu’il n’a jamais hésité à partager avec ses enfants. Jean-Philippe Audet a d’ailleurs lui-même développé un intérêt marqué pour l’histoire, jusqu’à faire des études dans ce domaine. Pour Marie-Christine c’est grâce aux repas familiaux, lorsque leur père parlait d’histoire, qu’elle a acquis une bonne connaissance sur ce sujet. 

Lorsque c’est possible, Yves Audet n’hésite pas à combiner ses deux passions. «C’est arrivé quelques fois que j’aie embarqué du monde dans mon camion. Une fois, j’étais tombé sur une dame et l’autre fois, sur un monsieur qui étaient chacun passionnés d’histoire comme moi. Je peux vous dire que les 100 km qu’ils ont fait avec moi ont vraiment été courts!», a raconté le sexagénaire. 

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