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28 juillet 2021

Jessica Gélinas - jgelinas@lexismedia.ca

Paramédic, un métier de cœur

Au fil des ans, l'ambulance est passée de corbillard à unité mobile de soins professionnels

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©Jessica Gélinas

La terminologie du corps de métier a elle aussi évolué. Le titre d’ambulancier laisse désormais place au titre de paramédic, jugé plus adéquat.

Ce milieu des services préhospitaliers d’urgence est en pleine effervescence depuis les 15 dernières années. Nicolas Pharand, paramédic de Rouyn-Noranda, nous présente ce métier plus qu’essentiel.

Autour des années 1960, époque qui marque les balbutiements de la structuration des services préhospitaliers au Québec, les patients étaient transportés dans les hôpitaux à l’aide de corbillards. Le travail des ambulanciers consistait essentiellement à transporter les malades ou les cadavres. Le niveau de connaissance et de formation quant aux soins à prodiguer aux malades était inexistant. Avec les années, les soins préhospitaliers se sont radicalement transformés, tout comme les véhicules, qui sont maintenant de véritables unités de soins mobiles.

«Maintenant, on ne fait plus seulement que du transport, on reste sur place, on donne des soins, on stabilise les patients, bref, on gère toute la partie des soins d’urgence», mentionne Nicolas Pharand, un paramédic de Rouyn-Noranda. Aujourd’hui, avoir un patient dont l’état se dégrade au point de mourir devant nous, ça n’arrive à peu près plus parce qu’on a les outils et les connaissances. Pour la majorité des patients, on arrive à stabiliser et même à améliorer leur état en cours de transport. Depuis les cinq à sept dernières années, il arrive assez fréquemment que lorsqu’on arrive avec le patient à l’hôpital, le médecin n’ait qu’à le garder sous observation, car il a déjà reçu les soins nécessaires.»

Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas

Les journées des paramédics se suivent, mais ne se ressemblent pas. Comme ils sont dotés d’un large champ de compétences, ils aident les gens dans diverses situations. Il peut s’agir entre autres d’un trauma, d’un arrêt cardiaque, d’un bébé qui fait des convulsions fébriles, d’un accouchement d’urgence ou de détresse psychologique. Ils accompagnent également les personnes en fin de vie qui doivent se rendre dans une maison de soins palliatifs.

«La personne va bien, elle est toute là, elle te regarde en se disant qu’elle s’en va mourir. On ne peut pas lui dire bonne chance et bonne journée. Tu le sais que tu l’amènes vers la mort. Ça fait partie du côté un peu plus difficile du travail, mais en même temps, il y a un côté très humain, très empathique. Ces gens nous apprennent énormément sur la résilience et l’acceptation. C’est fou à quel point ils nous font grandir en tant qu’individu et c’est exactement une des raisons pourquoi on est plusieurs à faire ce métier-là avec beaucoup de passion», confie M. Pharand.

Pour faire ce métier, il faut aimer les gens, avoir le désir d’aider, de faire avancer les choses et de faire en sorte que les gens soient bien et heureux. Il faut également avoir la capacité de se détacher de la situation. «Les deux plus grandes qualités d’un paramédic sont l’altruisme et l’amour du genre humain. Pour le reste ça s’apprend et ça se développe», mentionne Nicolas Pharand.

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©Jessica Gélinas

Depuis 15 ans, Nicolas Pharand exerce le métier de paramédic avec passion.

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©Jessica Gélinas

Les ambulances sont devenues de véritables unités de soins mobiles.

Les défis du métier en région éloignée

Vivre en région éloignée comporte certains avantages, mais également son lot de défis. Lorsqu’un patient doit être transporté à l’hôpital, contrairement aux grands centres, l’option d’aller à l’établissement le plus proche n’existe pas: il faut se rendre au seul disponible. De plus, si le patient a besoin de soins spécifiques, il doit souvent être transféré ailleurs dans la région, voire à Montréal ou Gatineau.

«Il y a beaucoup de transferts interhospitaliers et de longues distances. Des trajets d’une heure à une heure et demie avec des patients, on ne voit pas ça en région urbaine, mais ici, ça fait partie de notre réalité. Par exemple, à Lebel-sur-Quévillon et à Matagami, les paramédics peuvent faire de 200 à 300 kilomètres pour aller chercher un patient», signale M. Pharand.

De plus, puisque que les paramédics sont moins nombreux en région et que les villes sont plus isolées, il est plus difficile d’obtenir de l’aide et du soutien technique. «Tu apprends à te débrouiller, c’est clair!, lance Nicolas Pharand. On développe une autonomie dans nos pratiques, dans nos gestes et dans notre fonctionnement. On développe également un partenariat avec la police et les pompiers.»

Un événement marquant

En 15 ans de carrière, Nicolas Pharand a été confronté à de multiples situations, mais un événement en particulier reste gravé dans sa mémoire. Celui-ci s’est déroulé lors du transfert d’une patiente.

«Mon partenaire et moi sommes allés chercher une dame âgée en fin de vie à l’hôpital. Afin de respecter ses dernières volontés, nous devions la ramener à son domicile. Une fois arrivés à la maison, nous avons aperçu une douzaine de marches quelque peu étroites. Nous avons de l’équipement spécialisé pour ce genre de cas, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus confortable. Comme la dame pesait à peine cent livres, j’ai regardé mon partenaire et je lui ai demandé de prendre ses effets personnels pendant que je la portais dans mes bras. Nous avons passé le seuil de la porte, monté quelques marches et je l’ai déposée sur son lit, qui était installé dans le salon. Elle m’a regardé avec des étoiles dans les yeux et une larme s’est mise à couler au coin de son œil. Elle m’a dit: ʺAh, mon prince charmant, c’est comme le jour de mon mariageʺ», raconte M. Pharand.

Deux jours plus tard, le paramédic reçoit un appel pour un transport à la même adresse. La dame était décédée et sa dépouille devait être ramenée à l’hôpital pour un constat de décès.

«Sur place, les membres de la famille se sont approchés de moi et m’ont dit: ʺDurant les derniers jours, elle ne parlait que d’une seule chose, le moment où elle est revenue à la maison. C’était le plus beau jour de sa vie. Elle avait l’impression de revoir sa jeunesse et son mariage quand son conjoint l’avait portée dans ses bras. Tu n’aurais pas pu lui donner un plus beau cadeau.ʺ Ça m’a scié les jambes! Ça doit faire plus de 12 ans que c’est arrivé, mais j’ai encore la gorge serrée et les yeux dans l’eau lorsque j’y repense», indique Nicolas Pharand.

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©Jessica Gélinas

«Des trajets d’une heure à une heure et demie avec des patients, on ne voit pas ça en région urbaine, mais ici, ça fait partie de notre réalité», indique Nicolas Pharand.

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