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18 août 2021

Jessica Gélinas - jgelinas@lexismedia.ca

La Boucherie du Lac, une histoire de famille

Une passion de génération en génération

Boucherie du Lac

©Photo Le Citoyen – Jessica Gélinas

«Je suis chanceux d’avoir Solange. On va dire comme Jean-Pierre Ferland: une chance qu’on s’a!», a confié Roland Duquette.

La Boucherie du Lac a vu le jour en 1985 et, de fil en aiguille, elle est devenue un véritable incontournable pour les amateurs de saucisses d’ici et d’ailleurs. Portrait d’une entreprise familiale de Rouyn-Noranda où la passion du métier se transmet de génération en génération.

La réputation des Saucisses du Lac n’est plus à faire. Avec une variété de quinze saucisses, la boucherie, fondée par Roland et Solange Duquette dans le quartier Lac-Dufault, a toujours su offrir des produits artisanaux de qualité avec des recettes originales. 

À 81 ans, M. Duquette continue de se lever tôt pour aller préparer des saucisses avec son épouse Solange, son beau-fils Mario ainsi que son petit-fils Carl. Malgré les multiples embûches et une tragédie familiale qui ont entravé son chemin, le couple, marié depuis 62 ans, n’a jamais baissé les bras et a fait preuve de beaucoup de persévérance et d’une surprenante résilience. 

Une prémisse tragique 

En 1983, Roland Duquette, qui travaillait dans une petite épicerie, souhaitait démarrer sa propre boucherie pour lui et pour sa fille Christiane. Âgée de 17 ans, cette dernière avait entrepris des études à Montréal afin de devenir bouchère. La jeune femme n’a jamais pu compléter sa formation. Quatre mois après avoir débuté, Christiane est décédée à la suite d’un crime passionnel. 

À l’époque, Solange et Roland Duquette hébergeaient un jeune Laotien qui travaillait avec eux à l’épicerie, car sa famille l’avait expulsé. «Il était assis sur un banc de neige avec une boîte qui contenait son oreiller, sa couverte et 3-4 morceaux de linge. Alors, Roland a dit: on ne laisse pas un chien coucher dehors en hiver, encore moins une personne. On l’a gardé 5-6 mois. Il avait un dictionnaire laotien-anglais et Christiane avait un dictionnaire anglais-français pour lui apprendre le français. Il était tombé amoureux d’elle, mais Christiane lui disait qu’elle voulait seulement être une amie», s’est remémorée Solange Duquette. 

Pendant son stage à Montréal, Christiane s’est alors mise à recevoir des menaces. Puis, le drame est survenu. «C’est arrivé un dimanche après-midi. Le lundi matin, les gens où elle habitait en pension m’ont téléphoné pour me dire qu’elle n’était pas rentrée et qu’elle ne s’était pas présentée à l’école. Le lundi soir la police est venue nous annoncer sa mort» a raconté Mme Duquette. 

Rester humain en toutes circonstances 

Le jeune meurtrier a reçu une sentence de 10 ans de prison. Lors de sa demande de libération conditionnelle, il a souhaité que la famille Duquette soit présente. Il était alors question de l’expulser au Laos. 

«S’il était retourné dans son pays, il aurait été tué tout de suite par rapport au crime qu’il avait commis», a mentionné Solange Duquette. Le couple s’est donc rendu sur place. «Quand on est humain on ne l’est pas juste quand ça adonne. J’ai dit: avec 10 ans de prison, il sait, il a appris. Il faut que tu pardonnes dans la vie. Mais pardonner ne veut pas pour autant dire oublier», a confié Roland Duquette avec émotion. 

«Quand on a parti la boucherie, c’était pour Christiane, et quand elle est décédée, ç’a été très dur, a enchaîné M. Duquette. On a décidé de continuer, pour elle. Elle nous a donné du courage. En fin de compte, la Boucherie du Lac, c’est une histoire de famille, mais ce n’est pas une histoire facile.» 

Jusqu’à 70 variétés de saucisses 

En juin 1985, les Duquette, dotés de beaucoup de résilience, ont donc démarré pour de bon l’entreprise familiale. Cette dernière avait alors comme principale activité le débitage de quartiers de viande. En parallèle, on y préparait quatre variétés de saucisses. 

En 1991, Mario Poce met l’épaule à la roue. Pendant les quatre années qui ont suivi, l’entreprise a fabriqué pas moins de 70 variétés de saucisses. Puis, en 1995, Mario Ponce et Pierre Duquette, un des fils du couple, deviennent associés. L’entreprise familiale décide alors de se lancer exclusivement dans la fabrication de saucisses. Puis, en 2013, Carl Duquette, petit-fils du couple fondateur, vient se greffer à l’équipe. Roland et Solange ont toujours pu compter sur l’aide de leurs enfants, petits-enfants et même de leurs arrière-petits-enfants afin de mettre la main à la pâte. 

Un avenir prometteur 

La boucherie de la famille Duquette continue d’évoluer et de s’adapter aux demandes de ses clients. Outre l’Abitibi-Témiscamingue, elle distribue ses produits en Jamésie et aussi à Mont-Laurier. 

«On a même déjà reçu un téléphone de Paris. La jeune fille avait étudié ici et elle voulait envoyer de la saucisse à son père. Là, j’ai dit à Mario et à Carl: on ne sait jamais, un bon matin, il y a peut-être un monsieur qui va cogner et qui va vouloir 600 kilos par semaine de chaque saucisse. Le jour où ça va arriver, on va embarquer. En fait, on a déjà eu des offres, mais à l’époque on n’était pas prêts. Mais là, on l’est!», s’est exclamé Roland Duquette. 

«La retraite ce n’est pas pour tout de suite, a assuré Solange Duquette. Tant qu’on va aimer ça et qu’on va être capables, on va continuer.» 

 

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