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16 mai 2022

Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca

«Une expropriation pour plusieurs propriétaires forestiers!»

Nouveau plan régional des milieux humides et hydriques de Rouyn-Noranda

Documentaire_ONU

©archives

Les propriétaires riverains et de forêts privées risquent de perdre des droits et beaucoup d’argent, pour certains, leur fonds de pension, avec le nouveau plan régional des milieux humides et hydriques de Rouyn-Noranda.

À la suite de la première séance d’information sur le nouveau plan régional des milieux humides et hydriques de Rouyn-Noranda (PRMHH), plusieurs propriétaires riverains ou de lots forestiers ont réalisé que les impacts sur leurs droits risquent d’être très importants.

Un citoyen de Bellecombe, Daniel Desrosiers, a assisté à la séance du 10 mai, à Montbeillard, d’où il est ressorti rempli d’inquiétudes. Il est propriétaire de 14 lots totalisant 1400 acres de terres boisées avec son père et craint des pertes de droits et de valeurs importantes 

«C’est clair qu’ils n’ont pas investigué sur le terrain. Derrière chez moi, l’ancien champ agricole est retourné en friches et ils l’ont classé milieu humide à partir de photos aériennes, a-t-il confié. Ils nous ont dit que c’est à nous de faire la preuve que ce n’est pas un milieu humide. Va-t-il falloir engager des biologistes pour faire des relevés de plantes?» Il se dit en accord avec la protection de l’environnement, mais il craint de perdre son plan de retraite.

Des plantations subventionnées 

Depuis 1995, le Programme d’aide de mise en valeur des forêts privées subventionne la plantation d’arbres et les travaux d’aménagements forestiers. Pour nombre de propriétaires, le nouveau plan représente des années de labeur et des investissements financiers qui risquent de s’évanouir en fumée. Ces plantations sont souvent composées de mélèzes, d’épinettes, de frênes, des espèces prisées par l’industrie. «Toutes des espèces qui poussent en milieu humide. Là on nous dit, c’est bien de valeur, mais vos 10 000 épinettes ou 10 000 mélèzes, vous ne pourrez pas les récolter», a-t-il illustré.  

Le plan doit être déposé le 16 juin pour ensuite être approuvé par le gouvernement avant d’être adopté au sein de la réglementation municipale. M. Desrosiers craint que l’on donne un chèque en blanc à la municipalité sans possibilité d’influencer véritablement les décisions. Le service des communications de la Ville affirme que la cartographie gouvernementale des milieux humides potentiels, basée sur de multiples éléments (ex. images aériennes, végétation, drainage des sols ...), a été utilisée pour élaborer le Plan. On soutient aussi que la réglementation qui détaillera les actions possibles ou non sera élaborée en co-création avec les citoyens. 

Les producteurs privés menacés 

Le directeur du Syndicat des producteurs de bois d’Abitibi-Témiscamingue, considère que le plan est trop sévère. «Le plan actuel représente une expropriation pour plusieurs propriétaires forestiers. Il y en a pour qui c’est leur retraite. Tu ne peux pas priver quelqu’un de 50 000 $ ou 60 000 $ en disant que l’on va protéger 40 hectares. Il a payé sa terre, ça a une valeur. Quelqu’un qui a acheté l’an dernier se retrouve avec de sérieux problèmes avec son investissement », a illustré Stéphane Paul.  

Selon lui, il n’y aurait pas de mesures de compensation prévues pour les propriétaires qui perdront des droits.  

Il rappelle que les producteurs privés interviennent lorsque le sol est gelé pour récolter les essences comme l’épinette ou le mélèze et éviter d’endommager l’environnement. 

Pendant ce temps, ces nouvelles dispositions ne s’appliquent pas en terre publique, où le bois est récolté pour l’industrie forestière.  

Les prochaines séances se tiendront à Mont-Brun le 19 mai,19 h, à la salle communautaire et le 24 mai, 19h, à l’hôtel de ville de la rue Taschereau. 

Des agriculteurs en péril 

Le nouveau PRMHH risque d’affecter plusieurs agriculteurs de Rouyn-Noranda. La ferme Tomates et Camomille, située dans le quartier Montbeillard, à Rouyn-Noranda, se retrouve avec près de 70 de ses 164 acres en zone rouge, où aucune intervention ne sera permise. «Il y a une section qui sert de pâturage aux vaches, à l’ombre. Est-ce que va encore avoir droit de le faire? Est-ce qu’on va pouvoir continuer de récolter le foin à proximité?», s’est questionné la Kamylle Béchard-Plourde, copropriétaire. Elle est étonnée du zonage. «C’est plein de butons, il n'y pas de lac, le seul ruisseau a été creusé par une pelle mécanique.» Pour elle, les consultations arrivent à un bien mauvais moment, la période des semis. «J’ai l’impression qu’on m’a joué dans le dos. Je ne connais pas mes recours. La Ville connait les agriculteurs, mais on n’a pas été avertis. La journée qu’on a su ça, on était découragés, on voulait tout lâcher», a-t-elle confié, la voix remplie d’émotion. 

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