Lithium : trésor blanc pour transition verte 

  • Publié le 7 mai 2025 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Depuis 2009, la firme valdorienne InnovExplo, récemment acquise par Norda Stelo, joue un rôle majeur dans l'exploration et l’évaluation des gisements de lithium, un minerai essentiel pour les batteries électriques. Le géologue et coprésident fondateur d’InnovExplo, Alain Carrier, détaille le parcours complexe de ce métal hautement réactif et convoité, de l’extraction dans les pegmatites à sa transformation en batteries lithium-ion.

Le lithium, un enjeu récent au Québec
Quoique le lithium soit aujourd’hui très médiatisé, ce n’était pas le cas il y a dix ans. « On a commencé à travailler dans le lithium en 2008-2009 », se remémore Alain Carrier. « Nos premiers mandats datent de cette époque-là, notamment avec le projet de lithium tantale de Pivert-Rose sis à la Baie-James. » Il ajoute que, malgré un intérêt précoce, « ce n'était pas très à la mode, effectivement, de chercher du lithium, mais il y avait déjà des joueurs qui s'intéressaient au lithium. » 

Le véritable engouement est récent : « l'effervescence s'est fait sentir dans les quatre dernières années. » Une dynamique largement portée par les Australiens. « Ils furent parmi les premiers producteurs de lithium dans le monde. Ils ont démarré des projets à Greenbushes (Australie). Ensuite, ils ont vu le potentiel du lithium au Québec ». 

De la pegmatite au spodumène
Au Québec, les ressources en lithium se trouvent principalement dans les pegmatites, mais toutes ne se valent pas. « Ce ne sont pas toutes les pegmatites qui sont intéressantes, seulement celles qui contiennent du spodumène », observe Alain Carrier.

Le phénomène s’apparente aux poupées russes :

« La pegmatite, c'est la roche. C'est la grosse poupée, si vous voulez. À l'intérieur, il y a plusieurs minéraux : du quartz, des feldspaths, de la muscovite et du spodumène : un minéral de lithium. »
— Le géologue et coprésident fondateur d’InnovExplo, Alain Carrier

Le spodumène est crucial : « c'est un silicate qui contient du lithium. Toute la région de la Baie-James recèle un grand potentiel de pegmatites à spodumène », précise-t-il.

Concernant l’extraction, le processus est essentiellement mécanique. « Le spodumène a une densité plus lourde que d'autres minéraux, donc, par densité, on parvient à faire une séparation mécanique », expose le spécialiste. Ce minéral contient environ « 6 à 7 % de lithium », poursuit-il.

Multiples transformations nécessaires
Contrairement à l'or, le lithium nécessite plusieurs étapes de transformation. Alain Carrier éclairant : « Les mines de lithium vont vendre un concentré de spodumène, puis c'est une autre entreprise qui s'occupera d'une deuxième et d'une troisième transformation. »  

Cette chaîne complexe est incontournable : « Si tu vends un carbonate de lithium pur à 98,9 %, c’est le fabricant de batteries qui dicte les spécifications exactes, et s’il n’est pas assez pur, il ne l’achètera même pas », prévient-il.

Cette exigence explique pourquoi des entreprises comme Volkswagen exigent des démonstrateurs pilotes avant d’entériner des contrats majeurs.

InnovExplo et Norda Stelo : expertise stratégique
InnovExplo, aujourd’hui intégrée à Norda Stelo, occupe une position centrale dans les étapes préliminaires d'un projet minier. « On intervient à toutes les étapes d’un projet minier : estimation des ressources minérales, planification minière, études de préfaisabilité et faisabilité technique et économique », résume Alain Carrier.

L’acquisition d’InnovExplo par Norda Stelo répond notamment à la stratégie de développer une offre complète et intégrée dans les métaux critiques et stratégiques tels que le lithium, indispensable à la transition énergétique actuelle.

Cette intégration permet à Norda Stelo de couvrir l'ensemble des besoins en expertise minière, depuis les premières étapes d’exploration jusqu’à la réalisation technique des projets.

Son équipe a été impliquée dans plusieurs projets majeurs au Québec, notamment pour Sayona, Vision Lithium, Brunswick Exploration ou encore Rio Tinto. « Actuellement, on doit avoir cinq clients différents actifs dans le domaine du lithium », affirme-t-il. Alain Carrier souligne aussi avoir travaillé sur Cisco Lithium pour Q2 Metals.

Défis environnementaux et sociaux
Les perspectives économiques positives ne doivent pas masquer les défis en termes d’acceptabilité sociale et d’autorisations environnementales. Selon Alain Carrier, « entre la découverte, les études de faisabilité, puis l'autorisation, il faut prévoir cinq ans au minimum. » Il rappelle les enjeux d’acceptabilité sociale en citant le projet de graphite à La Loutre (Outaouais) : « Pour chaque projet, il y a toujours l'enjeu d'acceptabilité sociale. » 

Un secteur en pleine expansion
Le potentiel du lithium québécois attire des investissements considérables. « La proportion des investissements provenant de l'Australie au Québec a quasiment doublé récemment », constate-t-il, preuve de l’intérêt international grandissant.

Malgré les fluctuations actuelles du marché, Alain Carrier demeure optimiste quant au potentiel à long terme du lithium dans l’économie provinciale. Il observe une forte croissance des demandes en expertise géologique et minière et remarque que « ça se maintient dans le lithium, ça n'a pas ralenti dans l'or, ça n'a pas ralenti dans le cuivre non plus. »

Articles les plus consultés

Une adolescente meurt à Guérin dans un accident de VTT. 

Photo Médialo — archives. 
Actualités
Faits divers

Une adolescente meurt à Guérin dans un accident de VTT 

Une conductrice de 14 ans s'est tuée dans un accident de VTT, dimanche 22 juin en soirée.
Un homme de 19 ans retrouvé mort dans la rivière Harricana.
Photo Médialo — archives
Actualités
Faits divers

Le corps mort d’un homme retrouvé dans la rivière Harricana

Le décès de ce jeune homme de 19 ans a été constaté au Centre hospitalier d'Amos.
Photo Médialo — Aline Gélinas. 
Actualités
Communauté

Le Centre Serge-Savard de Landrienne lance sa seconde phase 

La Municipalité de Landrienne a validé la fin de la première phase de réfection du Centre multifonctionnel Serge-Savard..