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16 mai 2025

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

« Où sont leurs caméras ? » : Claire Bolduc tance Radio-Canada et TVA

Sommet de l’économie sociale à Montréal

La préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, le 15 mai à Montréal.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

La préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, le 15 mai à Montréal.

Une délégation d’une quinzaine de personnes a représenté notre région au Sommet de l’économie sociale jusqu’au 15 mai à Montréal. Le Citoyen s’y trouvait. Nous sommes allés à la rencontre de la préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, qui défend son territoire avec passion contre vents politiques et marées médiatiques.

L’événement se déroulait les 14 et 15 mai à la TOHU au cœur de la Cité des arts du cirque à Montréal. La préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, y était.
« J’ai participé aux plénières de mardi et de mercredi, ainsi qu’à des ateliers selon plusieurs thématiques, dont le logement, le recyclage, des employeurs. On a mis l’emphase sur les modèles différents. C’était l’essence de ce Sommet : on peut parler d’économie fondée sur d’autres modèles, dont celui de l’économie sociale, solidaire et circulaire qui est au service des gens. »

Son argument s’étend pour compléter son propos : « le modèle (économique) traditionnel vise à générer des bénéfices au profit de ceux qui investissent. Dans le modèle d’économie sociale (coopération, OBNL, etc.), on se donne les moyens de réaliser des choses, d’offrir un service ou des emplois. Les bénéfices sont réinvestis dans l’organisation ou pour les personnes auprès de qui l’on offre ce service ou ces emplois. »

L’arbitre, c’est la finalité
Elle juge somme toute que « la distinction entre économie classique et économie sociale réside dans leur finalité ».

Le Citoyen était présent dans l’après-midi du 15 mai pendant une plénière intitulée Une économie qui travaille pour nous coprésentée par Mme Bolduc qui n’était pas là par hasard. « J’ai été invitée. Je n’étais pas dans la délégation des 15 personnes. J’étais la 16ᵉ. On connaît mon parcours d’environnementaliste, de régionaliste et de ruraliste. C’est par rapport à cette essence-là qu’on a sollicité ma participation. »

La dernière plénière constitue une sorte de retour sur l’ensemble de l’événement. « Je me devais d’être là durant ces deux jours », reconnaît-elle.

« Les sujets abordés, l’économie sociale, les OBNL (organismes à but non lucratif), la coopération, sont des modèles qui ont fait leurs preuves dans le monde rural. » En tant que préfète de la MRC de Témiscamingue, elle « a tenté d’inspirer les communautés dans [les] territoires avec quelques-uns de ces modèles-là. »

Pour les communautés en revitalisation, « les ateliers des savoirs partagés sont une formule issue de l’économie sociale qui permet de réseauter, de se donner des idées ».

Le groupe repart enrichi
L’intérêt de pareil rendez-vous adviendra ultérieurement afin de mesurer les impacts positifs sur notre région. « Cette délégation repart [de Montréal] avec beaucoup de connaissances, de savoir-faire issus d’ailleurs qui peuvent inspirer des gestes dans nos milieux », explique la préfète.

« Ces personnes-là peuvent aussi partager ce qu’elles ont vu, entendu et appris avec d’autres. Ça fait en sorte qu’on soit beaucoup plus attentifs à l’Espace entreprenariat collectif qui offre des services dans notre région. Les gens se sont nourris de plein d’idées, d’expériences. Ils ont également pris en note à qui se référer », enchaîne-t-elle.

Enfin, les exemples, les témoignages des autres entreprises seront utiles aux membres de la délégation témiscabitibienne. « Ce qu’on a vu va nous servir, même si on ne refera pas exactement la même chose chez nous. On a vu qu’on peut bien identifier un besoin, trouver sa formule pour offrir un service. »

Nos participants ont constaté que le financement pour les toutes petites entreprises ou les plus grandes existe. Le bagage acquis désormais « c’est toute la panoplie des possibilités auxquelles peut-être on n’avait pas encore pensé », admet-elle.

Nos réalités : un paramètre capital
Très à l’aise au micro devant un parterre et des loges noircies d’une audience attentive, la préfète Bolduc a insisté sur le fait qu’« une communauté rurale avec une dynamique [soit] très distincte de ce qu’on trouve en ville ».

La nature des leviers financiers importe. « Les leviers financiers dont peuvent disposer les organismes doivent être adaptés aux milieux dans lesquels ils s’appliquent. »

Mme Bolduc prend pour exemple les programmes sur le logement. « Il y a une seule entreprise dans toute l’Abitibi-Témiscamingue pour du logement abordable. »

Le programme provincial en la matière n’est pas adapté à notre région. « Ses réalités ne sont pas considérées dans les paramètres du programme. Ça coûte de 18 à 32 % plus cher de construire chez nous que dans la région montréalaise », s’alarme-t-elle.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

Le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeet. Au deuxième plan, la préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, le 15 mai à Montréal.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

La préfète Claire Bolduc, le 15 mai à Montréal, lors du Sommet de l'économie sociale.

©Photo Médialo — Davide Buscemi.

La préfète Claire Bolduc attentive à chaque intervention lors du Sommet de l'économie sociale, le 15 mai à Montréal.

Notre trou fiscal s’exporte à Montréal
Le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeet, présent lors de ce Sommet, aurait pu être l’interlocuteur parfait quant au trou fiscal (perte allant de 0,6 G$ à 0,8 G$) dont nous parlions dans nos pages récemment.

« J’ai parlé avec son directeur de cabinet, Michel Philibert. Le ministre Skeet était très sollicité. M. Philibert est toujours très à l’écoute. Je lui ai mentionné que je serais à Québec (avec les quatre autres préfets) dans 15 jours pour l’assemblée des MRC. Nous souhaitons rencontrer les ministres, bien sûr, mais aussi les chefs de cabinet et les sous-ministres. » — La préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc

« Car ça ne passera pas seulement par les élus, mais aussi par les hauts fonctionnaires, ceux que l’on nomme les mandarins. La compréhension, le ministre peut l’avoir. Il peut manifester sa volonté. Si l’appareil ne bouge pas, le ministre ne pourra rien faire. » — La préfète Claire Bolduc

La préfète déplore que tous ces personnages soient « à Québec ou à Montréal. Ils ne connaissent pas les régions. Ils ne nous connaissent pas », martèle-t-elle en haussant le ton.

Ce travail de promotion repose sur un « outil magique » : l’étude d’Aviseo Conseil. Mme Bolduc, sûre de son fait : « ils ne peuvent pas contester les chiffres ! »

Cette étude « a fait du chemin », a observé la préfète. Cela a créé des émules au Sommet. « On a été interpellés notamment par la région de la Côte-Nord qui voudrait la même étude. »

La préfète tance les gros médias : « Où sont leurs caméras ? »
Ce manque à gagner dans les caisses témiscabitibiennes résoudrait maints problèmes. Devant l’évocation de la question de l’hôpital d’Amos, la préfète s’insurge littéralement : « Radio-Canada et TVA étaient à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (Montréal). Deux jours plus tard, ils se sont rendus à Drummondville. Puis, il y a eu Victoriaville (Hôtel-Dieu d'Arthabaska). Où sont leurs caméras, à Amos ? Elles n’y sont pas » !

« On doit rappeler constamment qu’on est là et qu’on contribue », achève-t-elle d’un même souffle.

Sur les 60 000 emplois générés par l’Abitibi-Témiscamingue, Claire Bolduc avance que 17 000 se situeraient à Montréal. « Dans ce contexte-là, il faut vraiment rappeler au gouvernement l’importance de notre contribution. Pas seulement fiscale, mais à l’ensemble de l’économie québécoise. »

Son plaidoyer n’omet pas de vanter le taux de chômage de notre région. « Le plus bas au Canada », s’exclame-t-elle. Pour conclure, le personnel politique présenterait un profil identique. « Ils sont tous formés à l’École nationale d’administration publique. Il n’y a pas de diversité de pensées. »

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