Déchets nucléaires : les Algonquins comparaissent devant la CCSN

  • Publié le 11 août 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Michel Ducas

Les chefs de Kebaowek, Kitigan Zibi et de Lac-Barrière ont comparu jeudi, à Ottawa, devant la Commission canadienne de la sécurité nucléaire, en rapport avec une demande de permis pour une usine de traitement de déchets nucléaires qui serait située à Chalk River, en Ontario.  Les Algonquins craignent que les déchets en question ne viennent perturber leurs écosystèmes en amont.

Ils étaient plus de 250.  Des Algonquins de 10 des 11 communautés qui forment la Nation, mais aussi des représentants non-autochtones de plusieurs municipalités environnantes.  Tous réunis dans une salle, puisque les audiences se tenaient de façon virtuelle.  « Ils nous ont forcés à comparaître en personne en temps de COVID, et maintenant, on nous demande de comparaître de façon virtuelle, tonne le chef de Kebaowek, une communauté algonquine située dans le secteur de Témiscamingue-sud.  En plus, on ne nous a accordé qu’une heure pour exposer les faits. » 

Le contrôle de l’agenda 

Le chef de Kebaowek, Lance Haymond, se dit tout de même satisfait.  « Nous sommes contents de l’opportunité qui nous a été donnée de nous faire entendre sur le sujet, dit-il.  Nous sommes aussi contents des appuis que nous avons reçus, autant des Autochtones que des non-autochtones.  En nous faisant comparaître de façon virtuelle, c’est clair que la CCSN ne voulait pas voir le public nous appuyer en direct. » 

Dans ce contexte, difficile pour Lance Haymond de savoir à quel point les Algonquins ont pu passer leur message.  « On ne voyait que la présidente des audiences, dit le chef de Kebaowek.  On ne voyait pas l’expression des autres membres de la Commission.  On espère tout de même que notre message a résonné auprès d’eux, même si on ne se fait pas beaucoup d’illusions. » 

« Un mépris flagrant » de la part du CCSN 

Les Chefs ont également présenté une évaluation d’impact autochtone devant la Commission et ont exprimé leurs préoccupations par rapport aux impacts négatifs du projet proposé sur l'environnement. Le projet soulève pour les Algonquins des préoccupations très légitimes, compte tenu de sa proximité immédiate à la rivière Kichi Sibi (rivière des Outaouais) et de ses nombreux impacts potentiels sur l'environnement. En raison des risques de fuite radioactive et de contamination environnementale, ce projet constitue une menace pour l'environnement et une question d'une importance capitale qui exige l'attention collective du public.  Pour les Autochtones, qui pratiquent une chasse de subsistance traditionnelle, cette menace est encore plus présente, selon les chefs. 

« Ils agissent au mépris de nos droits autochtones d’un consentement libre, préalable et éclairé, tel que le veulent les lois canadiennes et internationales, ont déclaré les trois chefs.»   Lance Haymond, Dylan Whiteduck (Kitigan Zibi) et Casey Ratt (Lac-Barrière) ont donc répété leur mécontentement face à ce qu’ils qualifient de processus pipé d’avance. 

Recours aux tribunaux 

Les trois chefs n’écartent pas un recours aux tribunaux pour faire valoir leurs demandes.  « Le gouvernement canadien a le devoir de protéger nos terres ancestrales et nos territoires non cédés, déclare Lance Haymond.  Il ne peut pas émettre un tel permis.  Nous aurons recours aux tribunaux s’il le faut.» 

Le chef de Kebaowek a eu par ailleurs des mots très durs envers le ministre de l’Environnement, Steven Guilbault, qui, incidemment, annonçait en même temps que les audiences du CCSN, des mesures pour que le Canada puisse produire de l’électricité propre, des mesures qui passent, selon lui, par le nucléaire.  « Lorsqu’il militait pour l’environnement, il était une icône pour tout le monde, ironise le chef de Kebaowek.  Maintenant, il est à la solde de ceux qu’il combattait avant.  Contrairement à lui, nous avons toujours à cœur la préservation de la nature à laquelle nous appartenons, et aucune somme d’argent ne nous fera changer d’idée. » 

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