Des citoyens d’Angliers auraient de l’eau potable à l’automne

  • Publié le 29 août 2022 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 4 minutes
Lucie Charest

Les premiers systèmes individuels de filtration d’eau pour des résidents du village d’Angliers devraient être installés dès l’automne 2022. Cette première phase s’inscrit dans un programme de 1,9 M$ débloqué par Québec.

Au même moment où Québec a fait l’annonce de cet investissement, fin juin, la municipalité de Laverlochère-Angliers a reçu une lettre du ministère des Affaires municipales indiquant que le protocole d’entente devait être complété avant d’entreprendre les travaux d’installation des systèmes individuels de filtration d’eau. Selon le maire Barrette, il s’agirait d’une affaire de quelques semaines à peine.

«Ce protocole indiquera aux deux parties ce qui peut être inclus ou non inclus dans les dépenses couvertes par la subvention de 1,9 M$, a fait savoir Daniel Barrette, maire de la municipalité fusionnée voilà quelques années. Comme ce protocole devrait être dûment signé avant la fin de l’été, nous devrions être en mesure d’amorcer les travaux dès l’automne 2022.»

Une fois cette première entente validée, il s’agira pour la municipalité de refaire le même processus, mais avec le ministère de l’Environnement cette fois-ci. «Quand cette autre étape sera franchie, nous pourrons aller de l’avant, a précisé M. Barrette. Nous avons prévu installer des appareils témoins à l’automne afin de s’assurer que l’eau est potable. Le tout devrait être complété au printemps 2023.»

Implication de l’INSPQ

On se souviendra que l’absence d’eau potable à Angliers fait les manchettes de façon récurrente depuis plusieurs décennies. C’est au moment où l’Institut national de la Santé publique du Québec (INSPQ) s’est récemment mis le nez dans le dossier que tout a débloqué.

«Nous avions été acceptés sur un projet pilote dont faisaient partie trois municipalités avec des problématiques d’eau potable à travers le Québec, a relaté le maire Barrette. Chaque système de filtration coûterait environ 10 000 $ pour chacune des 85 résidences plus cinq à 10 commerces et services divers.»

«Nous avons prévu installer des appareils témoins à l’automne afin de s’assurer que l’eau est potable. Le tout devrait être complété au printemps 2023»

– Daniel Barrette

Plus de 35 ans et 1 M$ en études plus tard

La quête de solutions pour fournir de l’eau potable aux résidents d’Angliers a franchi un nombre incalculable de revirements. Le maire Barrette en sait quelque chose. Lorsque le processus de fusion municipale entre Angliers et Laverlochère a pris son envol pour de bon en 2017, les deux conseils municipaux respectifs ont épluché tous les aspects de chacune des municipalités, de l’actif au passif en passant par la valeur foncière.

«C’est à ce moment, en consultant tous les documents à notre disposition que nous avons constaté que la première étude sur l’eau potable menée par une firme d’ingénieurs remontait à 1988, a relaté le maire Daniel Barrette. C’est incroyable tout ce qui a été investi par Angliers pour résoudre ce dossier. Toutes les taxes d’accise sont passées dans ce dossier, au total, avec la part de la municipalité, les aides gouvernementales, c’est plus de 1 M$ qui ont été investis en études.»

Fait à noter, à titre d’exemple, en 2015, selon le profil financier de la petite municipalité compilé par le ministère des Affaires municipales, Angliers comptait 302 habitants. Sa richesse foncière uniformisée (RFU) était 20 643 182 $.

 

Chronologie d’un projet qui a maintenu une population en otage

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L’usine de pompage d’eau s’approvisionne directement au pied du barrage d’Angliers.

Plusieurs événements marquants liés à diverses études de projets se sont succédé au fil des décennies afin de procurer de l’eau potable aux résidents d’Angliers. Une épopée dont les rebondissements pourraient surprendre avec le recul.

 

  • 1988 : étude d’une firme d’ingénieurs pour trouver une solution.
  • 2003 : Le rapport des audiences du BAPE, publié en octobre, recommande la réalisation du projet de mini centrale hydroélectrique de La Régionale. Les redevances annuelles de 165 000 $ à la municipalité devaient garantir le développement d’un projet d’eau potable.
  • 2004 : L’Assemblée nationale adopte le décret pour le projet de minicentrale le 17 juin. Le groupe environnementaliste Les Sentinelles des Quinze s’oppose au projet, une centaine de personnes manifestent au pied du barrage en août avec l’appui de la CSN et l’Action boréale.
  • 2005 : Le ministre régional et ministre des Ressources naturelles, Pierre Corbeil, a assuré au maire d’Angliers, Paul Coulombe, qu’il verrait personnellement au bon déroulement du processus de transfert des droits du fédéral vers le provincial pour le barrage, ce qui permettra d’amorcer les travaux.
  • 2006 : La Régionale veut grossir son projet de minicentrale en s’associant au projet Tabaret dans le sud du Témiscamingue. Le ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux du Canada, Michael Fortier, se rend à Ville-Marie pour annoncer le transfert de trois barrages fédéraux au provincial. Celui d’Angliers en fait partie.
  • 2007 : Tout est bouclé pour démarrer le projet de minicentrale à Angliers selon les promoteurs. Steeve Mathias, alors chef de Long Point First Nation, dont le projet se trouve sur les terres ancestrales, s’oppose au projet.
  • 2008 : L’appel d’offres pour les turbines de la minicentrale est lancé en février. Le Conseil tribal des communautés algonquines du Témiscamingue réclame les redevances liées à la minicentrale faute de quoi ils bloqueront les travaux. Ils tiennent une assemblée publique à Angliers le 24 septembre. Une centaine de membres des communautés accompagnent le grand chef Norm Young, les chefs Steeve Mathias et Conrad Polson.
  • 2010 : Des rats morts ont été découverts dans la réserve d’eau de l’usine de pompage du village. Quelques semaines plus tard, le député Daniel Bernard, le préfet Arnaud Warolin, le directeur régional du ministère des Affaires municipales, Denis Moffet, et des élus d’Angliers prennent connaissance d’une étude de la firme d’ingénieurs Desseau qui recommande d’approvisionner Angliers à une source d’eau souterraine située à six kilomètres du village.
  • 2012 : Nouvelles mesures contraignantes du MAPAQ  pour les commerçants oeuvrant en alimentation en juin. En octobre, un projet d’aqueduc de 7 M$ est sur le point d’être accepté par Québec.
  • 2015 : Le conseil municipal d’Angliers capitule, il demande à Québec de prendre le dossier à sa charge.
  • 2016 : En juin, le député Luc Blanchette confirme à la municipalité que les coûts révisés de l’installation d’un aqueduc dépassent les 20 M$ pour Angliers alors qu’ils oscillent autour de 10 M$ ailleurs au Québec.
  • 2017 : Le député-ministre Luc Blanchette annonce un investissement de 45 000 $ puisé dans le Fonds conjoncturel de développement, auquel s’ajoute 19 000 $ provenant de son enveloppe discrétionnaire pour fournir pendant un an des bouteilles d’eau à chaque résidence d’Angliers.
  • 2022 : Annonce d’un projet de 1,9 M$ pour l’installation de systèmes individuels de filtration pour chaque résidence, commerce ou service du village d’Angliers.

 

NDLR Chronologie tirée de reportages publiés dans l’hebdo La Frontière et Le Citoyen de Rouyn-Noranda.

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