RYAM Témiscaming: Perdre l’équivalent de 100 000 jobs à Montréal

  • Publié le 13 mai 2024 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Lucie Charest

FERMETURE – Les inquiétudes étaient à trancher au couteau pendant la conférence de presse donnée par Unifor à Témiscaming ce 13 mai. Le président du syndicat local de RYAM et le directeur québécois d’Unifor n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer l’attitude et le manque d’empathie de la compagnie américaine.

"Cette décision est une véritable trahison envers les travailleuses et travailleurs qui se retrouvent désormais sans emploi, ainsi qu’envers la communauté de Témiscaming, qui subira les conséquences économiques et sociales de cette fermeture, a déclaré d’emblée Stéphane Lefebvre, président de la section locale 233 d’Unifor. Il est clair que cette décision est motivée par des intérêts financiers immédiats, au détriment des travailleurs et de la région. » 

Le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, va encore plus loin dans son illustration de la déception et de l’inquiétude éprouvées tant chez les bâtisseurs, les employés que dans plusieurs communautés touchées.  

« On est ici ce matin pour dénoncer et mettre des mots sur ce qui est une écœuranterie injustifiable, a-t- il mis en relief. La job qu’ils ont faite est une job de pillage, de cupidité corporative. »  

Rappel des faits 

Des employés de RYAM à Témiscaming ont déjà reçu des lettres de suspension, ou de reclassement. La suspension temporaire du volet cellulose de haute pureté doit débuter en juillet et elle touche 275 employés. Pour les deux syndicalistes, il apparaît clair que c’était déjà dans les plans de RYAM dès l’achat de l’usine en 2017 après des investissements de plusieurs centaines de millions et après avoir bénéficié de différents programmes gouvernementaux. 

« Au cours des dernières années, ils ont transféré la haute technologie et les segments les plus rentables aux États-Unis, a rappelé M. Cloutier. Ils n’ont laissé que le moins rentable ici. En agissant de la sorte, même en mettant l’usine en vente, cela a créé un contexte où la concurrence devient impossible. »  

Pour Stéphane Lefebvre, président de la section locale 233 d’Unifor, il s’agissait pratiquement d’une fermeture annoncée. « Nous avions toujours été impliqués dans les décisions avec Tembec, a-t-il rappelé. RYAM n’a jamais rien voulu savoir de nous. Le changement a débuté dès l’achat. Nous n’avons jamais été capables de remonter la pente avec eux. Quand ils m’ont rencontré le 29 avril pour annoncer la fermeture temporaire, ils n’avaient rien pour nous, aucune réponse. Le plus vite qu’on peut les revoir, c’est le 21 mai. » 

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Daniel Cloutier et Stéphane Lefebvre tout juste avant de rencontrer la presse.

« Le changement a débuté dès l’achat. Nous n’avons jamais été capables de remonter la pente avec eux »  

– Stéphane Lefebvre 

Solidarité 

Les maires de Témiscaming, Kipawa, la chef de Wolf Lake First Nation et un conseiller de Kebaowek First Nation ont également fait part de leurs inquiétudes, ce lundi. Ceux-ci ont parlé de leurs inquiétudes, mais étaient loin d’être prêts à baisser les bras. «Tout à l’heure, en me rendant ici, le long de la route, je regardais tout ce qu’on a construit ensemble», a indiqué Norm Young, maire de Kipawa.  

Chacun des élus présents a soulevé le manque d’empathie de la part de la compagnie américaine. Ils ont d’ailleurs formé un comité dont fait partie Frank Dottori, ancien président de Tembec et fort impliqué dans le rachat de la CIP qui fermait ses portes dans les années 1970. Ceux-ci s’apprêtaient à interpeller le ministre Boulet en après-midi alors qu’il était de passage à Témiscaming pour inaugurer des infrastructures jeunesse.  

«On ne va pas lâcher le morceau, a affirmé Pierre Gingras, maire de Témiscaming. Avec M. Dottori, on va tout faire pour ne pas perdre notre usine, pour que Témiscaming continue de prospérer. » 

Moment fort 

Un des moments forts de la rencontre a été lorsque Daniel Cloutier a parlé de ses origines. « Je suis natif de Port-Cartier sur la Côte-Nord, a-t-il fait savoir. J’étais là quand la même compagnie a fermé les portes de l’usine. J’étais là quand nous avons vu la population chuter de 14 000 à 6000 habitants. On fera tout ce qu’on peut pour que ça ne se passe pas ici. Les gens ne comprennent pas que, toute proportion gardée, perdre 275 emplois ici, c’est l’équivalent d’une perte de 100 000 emplois à Montréal. » 

Il a reçu une salve d’applaudissements empreinte de détermination.

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Le maire de Témiscaming, Pierre Gingras, a pris la parole pour exprimer la détermination de sa communauté.

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