Victoria : une ressource polymétallique prometteuse à Malartic

  • Publié le 3 oct. 2025 (Mis à jour le 3 oct. 2025)
  • Lecture : 4 minutes
Emplacement régional du package Malartic Metals.

Image gracieuseté.
Emplacement régional du package Malartic Metals. Image gracieuseté.

 Resources a dévoilé, le 26 septembre, une première estimation des ressources minérales de son gisement polymétallique Victoria, situé dans le secteur de Malartic. L’entreprise évalue à 125 millions de tonnes la ressource contenue dans une fosse à ciel ouvert, avec une teneur moyenne de 0,15 % en équivalent nickel (NiEq). Cette découverte place Victoria parmi les projets émergents du Québec dans le domaine des métaux critiques.

Une estimation fondée sur 10 km de forage

L’évaluation repose sur environ 10 000 mètres de forage réalisés sur 2,5 km de longueur, dans une structure qui s’étend sur près de 20 km et demeure ouverte latéralement et en profondeur. Le trou le plus profond atteint 320 m sous la surface.

La ressource actuelle est limitée par une fosse théorique de 2,5 km de long et de 200 m de profondeur, avec un ratio de décapage inférieur à 1 : 1, ce qui constitue un atout économique.

La société estime que la portion de gisement actuellement définie renferme 413 millions de livres d’équivalent nickel. Deux fosses de départ pourraient être envisagées pour amorcer l’exploitation grâce à la géométrie favorable et à la proximité des infrastructures de la région.

Réactions

La PDG de Renforth, Nicole Brewster, a déclaré que l’estimation des ressources minérales positionne Victoria comme un système de nickel polymétallique de grande envergure, proche de la surface , dans une juridiction de premier plan. Grâce à notre vaste portefeuille foncier, à notre réseau hydroélectrique, à nos routes et à la proximité de nos usines de traitement, nous entrevoyons une voie claire vers le développement à grande échelle ».

« Nos prochaines étapes – la poursuite de nos essais d’optimisation du tri métallurgique et des forages d’extension et de remplissage – visent à accroître et à valoriser les ressources minérales en prévision d’une évaluation économique préliminaire », a-t-elle enchaîné.

Le vice-président de l’exploration chez Renforth, Martin Demers, a expliqué que « la réalisation de la première estimation des ressources minérales à Victoria constitue une étape importante pour amorcer l’évaluation économique de ce type de cible polymétallique. Même si le modèle de gisement n’est pas encore entièrement compris, la fertilité des unités ultramafiques, bien que relativement étroites pour l’instant, est appuyée par les valeurs polymétalliques ».

« Les anomalies géophysiques indiquent actuellement une empreinte étendue qui fera l’objet d’un suivi. L’intégration continue des informations permettra éventuellement d’identifier des vecteurs de minéralisation à l’échelle régionale ciblant un gisement plus important. »

M. Demers achève son propos en disant que « l’identification à Victoria d’une assimilation magmatique du soufre et du carbone peut d’ores et déjà être considérée comme un signe positif appuyant la recherche de cibles rattachées à un vaste système magmatique. »

Des métaux variés dans un empilement rocheux

La minéralisation de Victoria est contenue dans des bandes interstratifiées : les roches ultramafiques, riches en nickel et cobalt, ainsi qu’en platine et palladium, alternent avec des schistes noirs porteurs de zinc, de cuivre, d’argent et d’or.

Par endroits, jusqu’à trois horizons minéralisés superposés forment un ensemble large de 500 mètres.

Renforth indique que, même si le platine et le palladium sont présents à Victoria, les données sont encore insuffisantes pour les intégrer à l’estimation actuelle.

Un modèle géologique complexe

Le gisement est interprété comme un système magmatique de sulfures de nickel-cuivre-cobalt modifié par des interactions avec des roches sulfurées et graphitiques. Les forages ont recoupé deux à trois contacts minéralisés répétés dans une séquence épaisse de 500 mètres.

Ce modèle présente des ressemblances avec les gisements dits « Outokumpu » de Finlande, connus pour le chevauchement de systèmes magmatiques et sédimentaires distincts qui ont donné naissance à des gisements polymétalliques.

La structure de Victoria traverse la propriété Malartic Metals Package d’ouest en est sur 20 km. La minéralisation affleure par endroits, ce qui a permis à Renforth de décaper la couverture de sol et de mettre au jour environ 180 mètres de roche minéralisée.

Des indices similaires ailleurs sur la propriété

La compagnie souligne que d’autres secteurs montrent une minéralisation comparable. Quatre kilomètres au nord, le corridor Lalonde s’étend sur 30 km et a fait l’objet de forages, mais il n’a pas été inclus dans l’estimation actuelle.

D’autres indices, notamment au sud de Victoria, nécessitent des travaux d’exploration supplémentaires sur l’ensemble de la propriété, qui couvre quelque 300 km².

Progrès attendus grâce au tri du minerai

Renforth poursuit les études pour améliorer l’économie et la durabilité du projet. Un premier essai réalisé en 2024 au centre d’essais miniers de l’entreprise allemande TOMRA a démontré qu’il est possible de concentrer le minerai avant traitement, grâce à un tri optique et électromagnétique.

Cette approche permettrait de réduire la masse de roche à traiter, d’augmenter la teneur du minerai acheminé à l’usine et de limiter la production de résidus ainsi que la consommation d’eau, d’électricité et de produits chimiques.

La société envisage aussi d’évaluer la capacité de séquestration du carbone des roches ultramafiques de Victoria, afin de valoriser la réduction potentielle des émissions de gaz à effet de serre.

Soutien du Québec aux essais métallurgiques

Avec l’appui financier du gouvernement du Québec, Renforth a réalisé en mars 2025 des tests métallurgiques préliminaires sur 18 échantillons du gisement. Ces analyses ont confirmé que :

  • le cuivre (0,01 à 0,16 %) est principalement contenu dans la chalcopyrite ;

  • le nickel (0,03 à 0,27 %) est surtout présent dans la pentlandite et la violarite ;

  • le zinc (0,01 à 1,5 %) est hébergé dans la sphalérite ;

  • le soufre (0,3 à 8,7 %) est majoritairement sous forme de pyrrhotite.

Ces résultats indiquent qu’il faudra adapter les circuits de flottation selon le type de minerai pour produire des concentrés distincts de cuivre, de nickel ou de zinc. D’autres essais métallurgiques sont prévus pour affiner les paramètres de traitement.

Un gisement jeune mais déjà comparable à ses pairs

Renforth souligne que, malgré son caractère récent, Victoria se compare favorablement à d’autres gisements polymétalliques de nickel étudiés ailleurs dans le monde.

L’entreprise mise sur la poursuite du forage pour accroître la taille de la ressource, explorer d’autres secteurs de la propriété et préparer une étude d’impact économique.

Une ressource stratégique pour le Québec

Situé dans un camp minier bien desservi par les routes et les infrastructures hydroélectriques, le projet Victoria représente une source potentielle de nickel, de cuivre, de cobalt et de zinc, tous des métaux jugés critiques pour la transition énergétique.

La minéralisation affleurante et la possibilité de maintenir un faible ratio de décapage renforcent l’intérêt économique de cette ressource.

Renforth espère qu’en approfondissant les connaissances géologiques et en optimisant les procédés de concentration et de traitement, Victoria deviendra l’un des projets miniers polymétalliques à ciel ouvert les plus prometteurs du Québec.

Selon Renforth, Victoria se compare déjà aux autres gisements polymétalliques de nickel. La diapositive ci-dessous montre que le plus petit gisement quantifié est aussi la découverte la plus récente. L’entreprise estime que les travaux futurs à Victoria pourraient améliorer son classement au sein de ce groupe.

Gisement polymétallique Victoria
Impact du caractère polymétallique sur la valeur nette de fonderie.
Image gracieuseté.

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