«J’ai découvert le plaisir de boire de l’eau du robinet» – Karie Bernêche

Angliers, un petit village du Témiscamingue en forme de presqu’île, compte 90 portes où logent moins de 300 habitants. Plusieurs d’entre eux pourraient avoir accès à de l’eau potable dès l’automne 2022. Un soupir de soulagement, vous dites.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Karie Bernêche, jeune quarantaine, native d’Angliers, n’a jamais bu de l’eau directement du robinet. Parmi ses souvenirs d’enfant, aller chercher de l’eau à une source avec son grand-papa fait partie des activités qu’elle appréciait particulièrement. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle a pu mesurer toute l’implication de ne pas avoir d’eau potable dans une résidence. Il y a quelques années, elle a eu accès à un système de filtration individuel d’eau.

«C’est un peu comme si on m’avait enlevé un poids de sur les épaules, a-t-elle avoué. Je me suis rendu compte à quel point le fait de ne pas avoir d’eau potable occupait une place énorme dans nos vies. Il faut faire bouillir l’eau pour les usages courants, manipuler les bouteilles d’eau de source pour la fontaine, ne jamais oublier de s’en procurer. Parfois, se priver d’un café parce qu’on n’a pas le temps de faire bouillir l’eau.»

«Je me suis rendu compte à quel point le fait de ne pas avoir d’eau potable occupait une place énorme dans nos vies»

 – Karie Bernêche

Près de 3000 heures économisées en cinq ans

Des commerçants d’Angliers qui devaient se plier aux normes de sécurité alimentaire du MAPAQ et quelques résidents se sont dotés d’un système de filtration d’eau individuel dont la valeur oscille aux alentours de 10 000 $ il y a cinq ans. Ils ne l’ont jamais regretté. Ce système de filtration d’eau utilise un filtre et du sel. Il peut aussi être assorti d’une ampoule UV qui nettoie l’eau encore davantage et fait disparaître la couleur jaunâtre de l’eau gorgée de tanins pompée au pied du barrage.

Pascal Perreault, propriétaire d’un restaurant devenu service de traiteur O Pub situé au cœur du village d’Angliers, s’est procuré ce système de filtration en 2015. Avant cet achat, il devait faire bouillir l’eau et y ajouter des produits spécifiques pour obtenir une eau saine requise pour nettoyer la vaisselle, toutes les surfaces.

«L’eau est claire, claire, aucune odeur, limpide, cristalline, se réjouit-il. Sans ce système, l’eau était jaune, jaune, dans le bain, on aurait dit que c’était de l’urine. Je n’ai vraiment rien à redire du système de filtration. On économise beaucoup de temps. C’est sûr qu’il y a des frais avec les produits qu’il faut acheter, la lampe UV. Ces frais peuvent varier de 500 $ à 800 $ par année selon la quantité d’eau qu’on utilise. Mais au moins, je n’ai plus d’eau à charrier de mon puits artésien à ma résidence à l’extérieur du village. C’est tout un changement.»

Même son de cloche chez le copropriétaire du Marché Léane, Jean-Claude Bernêche. Depuis qu’il a installé le système de filtration individuel voilà cinq ans, il savoure le temps qu’il économise pour nettoyer tous les équipements liés à la préparation des aliments, tels les viandes ou le nettoyage des fruits et légumes.

«En plus de tous les tests que je devais régulièrement effectuer pour le MAPAQ, juste faire bouillir l’eau et nettoyer les équipements, ça me prenait 1:30 h de plus chaque jour», a-t-il estimé. Imaginez, 1:30 h par jour, multiplié par 365 jours fois cinq ans : 2737,30 heures, l’équivalent approximatif de 16 semaines de vacances.

Tous s’entendent pour dire qu’avoir accès à de l’eau potable n’a pas de prix. Karie Bernêche en profite pleinement. «Je tiens à remercier tous les élus qui se sont impliqués dans ce dossier, a-t-elle conclu. Je les remercie pour leur ténacité, leur persévérance. Malgré tous les obstacles, ils n’ont jamais lâché le morceau. Ils ne nous ont jamais laissé tomber.»

Pascal Perreault apprécie principalement de ne plus avoir à charrier de l’eau de son propre puits artésien.